De si belles ornières boueuses
Ce vendredi, il y a trois semaines, j'ai découvert ce chantier devant la Gästhaus de Duisburg. Vision surprenante de ces grosses machines blanches ou jaunes, posées dans l'humidité de l'hiver duisburgeois éternellement pluvieux. L'image de ces ornières d'humus tendre attirait sans cesse mon regard sur le chemin jusqu'à la porte, et a continué à baigner mon esprit une fois atteint ma chambre.
Je suis ressorti, appareil photo à la main.
Je me suis approché de plus en plus de ces longues et profondes marques dans l'herbe, comme scintillantes, cherchant un angle pour les capter au mieux, me mettant presque à genoux, sans avoir vraiment élucidé mon attirance. Ce plaisir esthétique de la boue fraîche.
Et hier, j'ai commencé la lecture de Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier. Au chapitre 2, désespéré par la solitude et sa première tentative d'évasion de l'île déserte, Robinson plonge dans une folie animale, se lovant sans fin dans la douceur chaude du marais :
"Il faisait sous lui et manquait rarement de se rouler dans la molle tiédeur de ses propres déjections. Il se déplaçait de moins en moins, et ses brèves évolutions le ramenaient toujours à la souille. Là, il perdait son corps et se délivrait de sa pesanteur dans l'enveloppe humide et chaude de la vase, tandis que les émanations délétères des eaux croupissantes lui obscurcissaient l'esprit".
La fascination d'une molle boue accueillante, grasse et attirante.
Et le lendemain, le soleil se baignait en souriant dans une flaque.
Je suis ressorti, appareil photo à la main.
Je me suis approché de plus en plus de ces longues et profondes marques dans l'herbe, comme scintillantes, cherchant un angle pour les capter au mieux, me mettant presque à genoux, sans avoir vraiment élucidé mon attirance. Ce plaisir esthétique de la boue fraîche.
Et hier, j'ai commencé la lecture de Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier. Au chapitre 2, désespéré par la solitude et sa première tentative d'évasion de l'île déserte, Robinson plonge dans une folie animale, se lovant sans fin dans la douceur chaude du marais :
"Il faisait sous lui et manquait rarement de se rouler dans la molle tiédeur de ses propres déjections. Il se déplaçait de moins en moins, et ses brèves évolutions le ramenaient toujours à la souille. Là, il perdait son corps et se délivrait de sa pesanteur dans l'enveloppe humide et chaude de la vase, tandis que les émanations délétères des eaux croupissantes lui obscurcissaient l'esprit".
La fascination d'une molle boue accueillante, grasse et attirante.
Et le lendemain, le soleil se baignait en souriant dans une flaque.
28.03.2008 - Gästhaus - Duisburg
1 commentaire:
j'arrive directement de chez sk. J'aime l'esprit de votre blog.
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