Un samedi sans photo à Düsseldorf
Piles Epuisées.
Sur le quai de la gare de Duisburg, j'allume mon appareil photos, et découvre l'état des piles. Je ne les avais pas vérifiées avant de partir pour Düsseldorf, mais pas d'inquiétude, j'ai un jeu de rechange. Je rallume.
Piles Epuisées.
Ce samedi midi, je suis donc parti sur Düsseldorf sans moyen de prendre des photos. Le ciel était gris, il avait même plu sur le trajet jusqu'à la gare, et de toute façon, je comptais aller au cinéma en fin d'après-midi. Ce ne devait pas être une grande journée de photo reportage, il n'y avait pas de regrets à avoir. J'allais pouvoir explorer librement sans garder le doigt sur le déclencheur.
En la sortie de la gare centrale, j'ai l'habitude de toujours emprunter l'avenue qui lui fait face, jusqu'à l'église de la Martin Luther Platz dont le clocher se détache au loin. Une fois à l'église, on se glisse entre les galeries commerçante et pénètre rapidement dans les rues piétonnes de la vieille ville. Facile et efficace, mais cette fois, je vais me détourner, et je choisis de petites rues sur la gauche avant d'atteindre l'église. Nombreux restaurants asiatiques, japonais, coréens, des enseignes d'hôtels, et aussi quelques drapeaux arc-en-ciel pour les sex shop gay : Düsseldorf est bien une ville vivante et cosmopolite. Cet espace entre la gare centrale et la vieille ville sait offrir lui aussi son panel de restaurants, et je passe avec joie devant la brasserie Schumacher, où j'avais eu la joie de participer à une fête de la bière l'an passée.
Je franchis une large avenue à tramway, passe aux pieds d'un haut bâtiment en verre avec sa Sparkasse, et me voici dans la Königallee, les Champs-Elysées de Düsseldorf. Une large allée au milieu de laquelle s'écoule un canal avec, d'un côté, de hauts bâtiments bancaires, et de l'autre, une véritable nuée de galeries commerçantes. Des deux côtés sont garées des 4x4 et de grosses berlines de marques allemandes. C'est un lieu de promenade du samedi, où l'on aperçois les familles, les couples âgées aux imperméables élégants, et je parcours plusieurs étages de plusieurs galeries. Magasins de mode, Channelle, forces pizzerias, marchands de glaces et de jus de fruits frais, une homme joue du piano à queue sous une coupole entre deux escaliers à la courbure élégante. Hélas, le rayon English Book du libraire est à peine plus fourni que celui de Duisburg, et le marchand de CD manque un peu de génie. J'avais trouvé mieux à Cologne l'an passé.
Alors je traverse le canal vers l'Altstaadt, avec juste un arrêt surprise dans un kiosque : il propose toute la presse Internationale, Le Monde, le Figaro, Libé, et je repars muni de Courrier International.
Comme prévu, les rues piétonnes de l'Altstaadt semblent nues sans les stands du marché de Noël. Petit kiosque sans guirlande, une molle foule même pas dense, et trois filles peuvent sans problème se prendre en photo devant la statue équestre baroque au centre de la place rectangulaire. Je fais la mise à jour de mes passages obligés. Le petit cinéma joue bien un film avec Pascal Légitimus, mais c'est un faux cinéma d'Art et d'Essai, puisque les films sont doublés. Cela a-t-il un lien avec, au bout de cette rue, l'homme dont le derrière laisse couler des pièces d'or ? Le café littéraire est toujours là, j'y passerai une autre fois, de même que le musée d'art moderne dont la nouvelle exposition ne commence que le 26 janvier. Je ne m'attarde pas sur l'attroupement sur l'autre rive du Rhin, grande foule avec bateaux à moteur, entourant trois ou quatre formes jaunes dans l'eau : y'a-t-il une course quelconque ? Qu'importe, ce serait frustrant d'aller voir sans appareil.
Alors je déguste un ApfelStrudel et un chocolat chaud ohne Sahne à la terrasse d'un café, un grand brûleur à mes côtés. Crème anglaise épaisse, deux pointes de Chantilly, et le coeur du strudel est tristement froid, mais le chocolat est bien fort.
Direction le tramway, direction l'autre rive !
Plus d'une heure avant la séance, je compte me promener autour du Cinestar, les cheminées promettent une bel environnement industriel. Le tram franchis la barrière de maisons de luxe sur la rive ouest du Rhin, traverse des quartiers de classe moyenne, atteint une zone d'activité riche en immeubles de bureau épars, et c'est là que je descends. Le hangar du Cinestar, la station de tram, et les rails qui partent vite entre les arbres et la campagne.
Je dépasse le cinéma et prends la première à gauche. De toute façon, la route ne continue pas tout droit, il n'y a qu'un grand mur de brique entourant une vieille usine, avec une haute cheminée. En face du mur, un bâtiment tout en verre d'une demi douzaine d'étages, mais surtout, de vastes terrains vagues et parfois, des bâtiments d'à peine un étage, très distants, voici la zone d'activité de banlieue où se rassemblent les petites entreprises. J'essaie de ne pas penser au soleil qui est revenu, à la belle lumière qui se glisse un peu partout, à l'affiche pittoresque sur le mur : un tigre, avec des barreaux rajoutés au ruban gris épais. Explorons et regardons !
Alors j'ai marché dans ces rues vides avec des arrêts de bus pour travailleurs, j'ai repéré le club de fitness dans le hangar recouvert d'engrenages en cartons, que j'avais pris de loin pour une boîte de nuit pour lycéennes. Je suis rentré dans un supermarché devant lequel un camion faisait cuir des poulets. Je suis passé entre les fleuristes et les marchands de pierres tombales qui entourent le cimetière. J'ai atteint une autre voie de tramway, avec une sculpture contemporaine, puis j'ai fait demi-tour pour revenir vers le concessionnaire Volkswagen, vers le hangar du Cinestar, les jeunes skaters sur ses marches et les troupeaux de gamins de dix ans courant à l'intérieur, venus fêter leur anniversaire au cinéma.
Le film a été très bien, mais c'est une autre histoire.
Mais ce matin, un grand ciel me souriait par la fenêtre, tout lumineux et enthousiaste. Alors j'ai enfourné mes piles rechargées dans mon sac, et je suis retourné à Düsseldorf.
Dans les prochains jours, je vais présenter des extraits de mon orgie photographique du jour...
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