2007/12/29

n°3 - Jeanne Cherhal et Florent Marcher m'ont donné envie de chanter en français

N°3

Non, je n'écoute pas beaucoup de groupes en français. Paresse, snobisme, envie de dépaysement, goût pour l'anglais, la véritable langue de la pop.

Mais comment résister au charme de Jeanne Cherhal et de son album "L'eau" ? Je l'apercevrai à la Cité de la Musique pour quelques titres, cheveux et jupe très courts pour charisme immense, mais les musique de l'eau m'avaient déjà convaincu. Textes fins, évitant généralement les rimes trop faciles pour explorer des pistes variées, et ils courent sur des musiques à la production limpide, ils courent élancés pour explorer des pistes peu empruntées : évocation humoristique de la canicule, dénonciation délicate de l'excision, récit pudique et profonde d'une nuit d'amour sans lendemain.

Et par dessus plane la grandeur évidente de "Je suis liquide", chanson parfaite qui m'a fait presser Repeat de nombreuses fois, qui m'a fait chanter très fort au volant de ma voiture, bondir, rêver, l'assemblage idéalement équilibré. Une basse hypnotique, un chant doublé et magnifique, un texte simple mais sans facilité, des non non non répétés encore et encore en bout de morceau : une de mes merveilles de l'année.

Je suis liquide de sueur et de confusion
Je suis liquide comme la lave en fusion
Je suis liquide et deviens flaque en un clin d'oeil
Je suis liquide comme la rosée sur les feuilles
Je suis liquide en écoutant couler mes veines

Au-delà de pépites rassemblées, on peut rêver à une trame narrative étendue sur toute la longueur d'un album. Une ville de province morne, son clocher, son microclimat, et un terrain de foot pour laisser jouer les enfants quand les parents se disputent. Une petite ville, et l'école comme chance de sa vie, les bonnes écoles, même si finalement, on se trouve un boulot morne en banlieue parisienne, à partager sa vie avec une fille rencontrée dans un bar, attendrie malgré l'ivresse violente et masculine. Une modeste vie à deux, donc, et le déprime qui pointe, les cachets, la crainte des pendaisons de crémaillères, le dérapage du fait divers, l'opprobre du JT régional de France 3.

Un roman dans la France moderne, voici Rio Baril de Florent Marchet, chef d'oeuvre de musique et d'écriture. Une trame de guitare, de grands espaces, où se promènent des textes sur les attentes parentales, des listes de médicaments à la Pérec, une longue pièce parlée sur la crise des 35 ans, les exclamations des français moyens qui papotent sur les malheurs des autres. C'est rempli de fines observations, juste, puissant et littéraire, c'est un exemple qui donne envie de remettre en cause son écriture et de chercher à progresser et de construire : c'est magnifique, un tel assemblage.

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