Facebook, recueil de mes fiches de lectures en triple SMS. Premier épisode : des auteurs français des 50-60
Je l'avoue, depuis l'Allemagne, je ne sais plus si les médias français se plaisent toujours à évoquer Facebook, tellement à la mode il y a un peu moins d'un an. Le réseau social emblématique que même les hommes politiques s'étaient sentis obligés d'investir lors des élections présidentielles, et toutes ses promesses économiques, ses promesses d'une nouvelle "nouvelle économie", les questions éthiques sur la vie privée. Des jolies questions de fond, doublé d'une mine pour journalistes en quête de sujets technologiques et modernes.
Je ne sais pas trop où en sont les choses en France, et je peux dire que l'Allemagne me semble totalement étrangère au phénomène. Les Allemandes seraient-ils réfractaires aux attaques de vampires, aux vidéos stupides et aux photos de classe de primaire qu'un fâcheux ancien camarade se croit forcé de partager avec tous ses amis ?
Car les utilisateurs de Facebook tombent vite dans une fréquentation caricaturale du réseau, réduit à ses jeux en flash et ses tests dignes des magazines cheap. Ce qui confortent dans leur position tous ceux qui prennent de haut cette mauvaise habitude moderne et jeune, coupant toute communication réelle, et éloignant profondeur, lecture, culture et réflexion.
Pour ma part, jái une certaine tendresse pour Facebook. Les grandes prises de position sur le modèle économique du réseau et sa croissance m'ennuient passablement, et me paraissent occulter l'utilisation réelle de Facebook et ses possibilités. Mais de nombreux petits détails me semblent très séduisants, par delà les retrouvailles électroniques que j'ai pu réaliser avec les 96 amis de mon réseau.
Les applications iRead et Flixer m'attirent ainsi particulièrement. Elles permettent de recenser les livres et les films vus, de leur donner une note sur une échelle de 5 étoiles, et de laisser un commentaire. Ces deux applications me permettent d'assouvir un vieux fantasme d'amateur de culture, à savoir tenir une base de données de mes lectures. Je m'astreins ainsi à tenir à jour toutes mes lectures et tous les films vus, et tente d'ajouter une commentaire pour chacun. Cela m'a d'ailleurs valu un sympathique message sur mon "Wall", de la part d'une amie bibliothécaire. Elle s'est dite impressionnée par ma régularité dans l'écriture de ces commentaires.
Bien entendu, cette régularité dot beaucoup à mon séjour en Allemagne, où mes loisirs ne se voient pas souvent occupés par les sorties entre amis. Du temps pour soi et donc du temps pour écrire, et ces petits commentaires me semblent un agréable défi d'écriture et d'analyse de lecture : comment écrire rapidement un commentaire intéressant en 500 caractères, soit à peine plus de 3 SMS ?
Cette démarche est donc assez similaire à celle de ce blog, une écriture régulière et rapide, avec ses défauts et parfois, ses petites trouvailles sympathiques. Ainsi, je pense qu'il peut être intéressant de présenter ici certains de ces courts commentaires, en groupant les livres similaires.
Première épisode, avec quatre livres français des années 50 - 60. Des classiques contemporains, si l'on peut dire, piochés dans les rayons de l'Institut Français de Düsseldorf.
La peste - Albert Camus (1947)
La peste surgit et c'est toute une ville qui voit ses habitudes bousculées et sa résistance mise à l'épreuve. Les étapes s'enchainent presque méthodiquement, permettant une analyse profonde des caractères et des réactions humaines. Si les grands sentiments se voient convoqués, l'indigestion ne guète pas le lecteur, toujours prêt à se délecter des tirades lyriques et à pardonner les rares passages trop édifiants. Le vertige face à cette crise est trop troublant, il pousse la lecture toujours plus avant, horrifiante, fascinante, et magnifiquement littéraire.
Les Gommes - Alain Robbe-Grillet (1953)
Une banale intrigue de roman noir, plantée dans une morne ville de province. Les archétypes sont là, le tueur raté, le complot, le commissaire, l'agent secret, mais l'essentiel n'est pas là. La finesse du style fait peu à peu décoller l'ambiance et les interrogations des personnes, et rendant cette promenade plaisante.
Les Fruits d'Or - Nathalie Sarraute (1963)
Vie et mort d'un buzz littéraire. Avec une certaine délectation, Nathalie Sarraute brode la carrière d'un livre fictif, présentée à travers les discussions qu'il génère. Du "Ce qu'on a écrit de mieux depuis 20 ans" à "Mais vous en êtes encore là ?", en passant par "Oh, cette platitude, c'est fait exprès". Certains pourront rester perplexes face à ce sujet, mais les amateurs de critiques artistiques se régaleront des scènes, du rythme et de l'élan général.
Vendredi ou les limbes du Pacifique - Michel Tournier (1967)
Michel Tournier revisite le mythe de Robinson Crusoé pour en explorer les aspects philosophiques : solitude et communication, importance du travail, rapport à autrui... L'approche très découpée et presque théorique m'a dérouté, portée par un vocabulaire riche mais un style plutôt neutre. Puis quelques splendides passages plus poétiques m'ont séduit, m'aidant à adhérer au projet. Ainsi, malgré mes réserves stylistiques, j'ai pris beaucoup de plaisir à explorer ce roman profond.
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