Art contemporain et dessin au K21 de Düsseldorf
K20 et K21. Deux musées d'arts modernes à Düsseldorf. Le K20, joli bâtiment au larges verrières, accueille une belle petite collection permanente, essentiellement du début du XXème siècle, et propose des expositions temporaires très bien mises en valeur. La rétrospective sur Francis Bacon fin 2006 était ainsi des plus réussies. Le K21 est quant à lui dédié à l'art contemporain, le chiffre 21 devant figurer le XXIème siècle.
Visiter un beau musée d'art contemporain, c'est aussi être frappé par l'architecture du lieu, et le K21 remplit parfaitement ce rôle. Il s'agit de l'ancien bâtiment du Landtag, parlement régional, dont la réfection s'avère particulièrement impressionnante : le toit semble avoir été littéralement scalpé, laissant sa place à une fascinante verrière transparente. Aussitôt entré dans le hall, je suis tombé sous le charme de ces trois étages ouverts sur ce plafond de verre, ouvert donc uniquement sur le ciel, avec ces vastes parois blanches et les quelques colonnades résiduelles. Espace, légèreté et lumière, superbement mis en valeur par le soleil printanier de ce 9 février, et au cœur de ce beau vide, un énorme ventilateur pend à un filin haut de trois étages. Il vrombit sans répits, agitant le câble en tous sens en de longs bourdonnements d'insecte électrique.
Le décor d'ensemble est planté, il n'y a plus qu'à se faufiler dans un des mignons escaliers en colimaçon, et goûter aux deux étages de galeries. S'y laisser surprendre par les œuvres dans les grandes salles qui les laissent parfaitement respirer.
La collection est éclectique et accorde une large place aux artistes régionaux. Mais si certains monochromes m'ont laissé perplexes, chaque porte a su révéler ses belles surprises éparpillées. Bien entendu, de passionnantes photos m'ont frappé, série en noir et blanc sur les aciéries de la Rhur, ou portefolio sur les couloirs de la mort aux Etats-Unis, cette fois aux couleurs de catalogue sur papier glacé. Les plans extra-larges d'Andreas Gursky, tirages photo de 5 mètres de larges qui présentent la foule d'un concert ou les méandres du Rhin. Les tirages d'Axel Hütte où des grillages au premier plan brillent étrangement.
Et bien entendu, on peut se régaler d'une ribambelle d'installations plus hybrides, plus contemporaines. Au sujet de ces approches, je n'arrive pas à me détacher des clichés populaires, et m'approche toujours avec crainte de ces installations, où le concept peut prendre le pas sur la force immédiate de l'œuvre. Mais c'est assurément dû à une méconnaissance de l'art contemporain. Ici, j'ai été souvent frappé par les trouvailles, les couleurs, les matériaux, les échelles, une perplexité positive et douce. Le cauchemar lisse du Mann und Maus de Katharina Fritsch m'a ainsi laissé rêveur : sculpture en plâtre d'un homme dormant sous un énorme édredon, sur lequel est perchée une souris noire de plus de deux mètres de haut. Ou cette Lantern de Martin Honert, cube éclairé de l'intérieur dont le paroi en vitrail forment un autoportrait étrange et magique.
Mais l'émotion atteint son comble au dernier étage, ces vastes balcons juste en dessous de la verrière. Fantastique impression d'espace, vision rasante superbe sur la ville, sur la Rheinturm, et ce sous le regard tranquille d'une gardienne, tout là-bas, de l'autre côté du bâtiment. Une grande paroi se dresse au milieu de cette espace, avec des portes battantes, pour une belle installation : cette haute paroi est un écran pour film naturel, la verrière y projette les ombres de sa structure sur le large rectangle blanc, et l'on peut suivre ces mouvements infinitésimaux tranquillement avachis sur de confortables poufs en poire.
On atteint alors une grande douceur contemplative, tranquillité dans ce musée qui donne envie de se laisser absorber, d'observer, de raconter, de dessiner, et puis, de revenir très vite. Goûter à nouveau son aménagement improbable, depuis la verrière pure jusqu'au bar aux murs tapissés de pois...
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