Shoegazing flou et transe musicale
Tisser un son dense, petits morceaux souples et bondissants, montant, enveloppant, aux éclats claires mais aux poussées profondes et graves. Et noyer une voix dans ce brouillard qui crépite fort comme une villes, des notes vocales lointaines, un filet de brise criant parfois mais résonant tout au bout d'un couloir allongé ou d'un pavillon gramophonique.
Une soirée de ressenti, de numéros sensuels où il faut simplement rester à l'écoute, se laisser prendre pour se sentir tout entier se dilatant dans la liquidité métallique, un sirop de battements dont certaines vagues toussent, grosses quintes, mais progressivement, en nous attendant sur le chemin qu'elle gravissent pour ne pas nous distancer trop. Un rideau lourd et saturé mais chaud pour une couette de sons acérés, dans laquelle coulera fin le filet de murmures hurlants et flous.
Une musique qui s'enroule quand on l'écoute les yeux fermés, regard à mi-hauteur la tête en arrière, cheveux dans le cou derrière le col rond du T-shirt rouge. Parfois un sein gauche effleure l'omoplate droite. Une écoute par moment filtrée de boules quiès pour s'enivrer de flou en écoutant de loin. Les yeux toujours fermés que l'on tourne sur le côté, découvrir l'origine du rêve et le paysage d'où vient l'écho.
Les voix dans un tamis et les paroles écoutées sans aucun sens, banales comme une chanson de fiancé doux, de feu de camp d'été un peu frais, une vraie chanson dans ses cheminements et ses ruptures, mais dont on ne devine rien d'autre que le son, les notes, pas une phrase ou une histoire autre que mélodique. Une chanson populaire trop lyrique et émue, elle oublie ce qu'elle veut dire, et suggère uniquement et dessine par son émotion. Une chanson de pionniers tapissée de grognement qui remontent de la gorge, barrissements répétés encore et encore, de mots criés au milieu d'un vers, le même mot chaque fois plus fort que le reste en frappant la grosse caisse, fracassant la cymbale une fois tous les six temps.
Des chants de son sans mot car les cordes vocales parlent en notes.
Et les regards éloignés des tisseurs isolés, des bulles évoluant côte à côte et elles coalescent sans contact visible, les films interfaces restent marqués et délimitant, ils gesticulent tous leur musique les yeux tournés tout au fond, une lueur blême, et il n'a regardé qu'un instant le public en tremblant. Et pourtant ils se hissent ensemble et soutiennent tous leurs bruits épars pour en maintenir le voile résultant, le faire flotter plus claquant peu à peu, et si on les observe, leurs yeux brillent légèrement. Ils s'émeuvent. Enfin, gênés et surtout entre eux et les uns pour les autres, ils sourient.
Et les regards éloignés des tisseurs isolés, des bulles évoluant côte à côte et elles coalescent sans contact visible, les films interfaces restent marqués et délimitant, ils gesticulent tous leur musique les yeux tournés tout au fond, une lueur blême, et il n'a regardé qu'un instant le public en tremblant. Et pourtant ils se hissent ensemble et soutiennent tous leurs bruits épars pour en maintenir le voile résultant, le faire flotter plus claquant peu à peu, et si on les observe, leurs yeux brillent légèrement. Ils s'émeuvent. Enfin, gênés et surtout entre eux et les uns pour les autres, ils sourient.
Concert de Sébastien Schuller, Gravenhurst et Animal Collective à la Maroquinerie, le 17 juillet 2007
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