I saw you smiling all the time
- Hey.
- I saw you smiling all the time.
Au premier rang de la Maroquinerie, les mains sur les hauts-parleurs de retour, et souriant si souvent durant cette soirée, car la scène offrait de beaux moments, un engagement de tous toujours fascinant à voir, euphorisant à partager au plus près.
Première partie, le centre de la scène est dégagé, sans instrument ni micro, et un jeune homme se présente, un micro à la main, un iMac posé à jardin qui déroule une musique électronique, forte, lourde en basse et en beats. Et le jeune homme se met à danser.
Sweat-shirt à capuche bleu, fermeture éclaire ouverte, T-shirt au dessin pâle, jean brun porté bas avec un caleçon à rayures rouges et blanches, chaussures en toile harlequin, et il danse sur scène. Sautille à pieds joints, un pas de côté, la jambe suit, il se plie vers l'avant, marque le rythme en frappant le micro sur son poignet, souligne trois notes de synthé de la main, tourne sur lui-même s'enroulant dans le fil du micro puis tourne en sens inverse. Ce personnage est fascinant dans sa musique et dans sa présence naïve et impliquée.
Il ne chante pas très bien, d'ailleurs, il ne chante pas souvent, mais il s'investit dans ses danses improbables, habitant les morceaux aux accents variés. Toujours des basses lourdes, presque façon hip-hop, mais assemblant différemment les sons, morceaux heurtés façon Animal Collective, musique électronique basique rappelant Depeche Mode ou l'électroclash, un boogie avec des choeurs féminins, et tous se concluent par une forte détonnation d'arme à feu.
On sourie, on ondule et lui sourit aussi, saute dans la foule micro à la main, fait se baisser tout le monde, remonte sur scène et fait une pause.
- Do you have any questions?
- How old are you?
- Maybe you can guess.
- 18?
- 30?
- I am 26.
- What is your name?
- I am Jona. Jona. You know, I really love this questions moment. Don't be shy. It's one of my favorite moment of the show. Yes?
- What's your name?
- My name is Jona.
- And how long could you keep jumping like that?
- Oh, all night long, lady.
Et il se remet à chanter et danser en tout sens.
Alors, avec une telle première partie, je souris, et souris encore durant la longue installation des instruments d'Architecture in Helsinki. Forcément, ils en utilisent tout de même quelques uns. Peacebone d'Animal Collective passe sur la sono de la Maroquinerie, pour rappeler de bons souvenirs, et enfin, ils entrent en scène.
Les Architecture in Helsinki ne sont plus que six, je crois qu'ils étaient plus nombreux il y a dix-huit mois, mais ils attaquent leurs morceaux avec cet engagement complet, ces changements d'instruments, ces biffurcations en cours de morceau, leur panoplie impressionnante de cow bells de toutes tailles, éparpillées sur la scène entre toutes les mains.
Ils ne sont plus que six, mais ils frappent plus fort, leur musique live est encore plus énergique, plus folle, plus rebondissante, avec toujours cette sensation d'une tribu joyeuse s'amusant devant nous. Guitariste à longue barbe rouse, dread locks et T-shirt orange, batteur / joueur de trombone mal rasé aux mèches grasses, bassiste régulièrement au bord du fou rire, chanteur aux sourcils très blonds, au T-shirt Wu Tang, et, à cour, comme sur la touche, un ingénieur son en T-shirt rayé et cheveux mi-longs, changeant la corde du guitare, déplaçant un micro, posant du gaffeur rose fluo, jetant des serviettes blanches entre deux chansons.
Ils frappent, chantent souvent à trois, jouent, s'amusent et parfois ça ne fonctionne pas, le pont noisy coupe l'élan, ou le batteur se trompe de solo quand il tient la guitare, mais qu'importe, l'ambiance enveloppe tout terriblement festive et on ne la quitte pas en route, car ils s'expriment totalement, et savent faire partager leur transformation scénique.
Avec comme symbole juste devant moi, la chanteuse distribuant toute son énergie, ses sourires, son plaisir écrit en gros sur son visage aux joues généreuses. Elle n'avait pas vraiment participé aux réglages d'avant-concert, était simplement passée sur scène pour la hauteur du micro, peut-être simplement pour exhiber sa tenue de scène. Chaussures violettes, collant en tissus argenté surmonté d'un microscopique short noir en haut de ses très larges cuisses, et un T-shirt noir, quel T-shirt noir, le bonhomme Shamallow portant cinq ballons de baudruche et une glace, une goutte de bave aux lèvres, surplombant le mot TRIUMVIR en lettres ensanglantées. Ses boucles blondes n'ont alors rien de mignon, elles flottent juste là quand elle parcourt la scène à pas bien posés sur le sol.
Mais plus tard, chantant là juste face à moi.
Elle rayonne, elle vibre, elle saute et bouge en tout sens, sourit et sourit encore, sa voix claire en contrepoint des morceaux appuyés, frappant le tambourin, dansant comme légère et bondissante, joyeuse et maintenant magnifique.
C'est drôle à dire. Magnifique.
Quelle musique, tout simplement, une grande fête, moins pop et mélodique mais terriblement directe et entraînante, la salle danse, à ma droite la fille au grain de beauté sur l'arête du nez lève les mains possédée, toutes les filles des premiers rangs, les deux garçons debout devant les énormes hauts-parleurs se tremoussent. Toute la salle.
Les éhos de Heart it Races résonnent encore longtemps, ses steels drums et son PO PO PO POPADAPODO PO lanscinant, un garçon le fredonne encore en sortant de la salle, passant devant la table recouverte de CD, et le jeune Jona sourit devant son disque à la pochette au feutre, la chanteuse dans les escaliers discute en souriant. Qui ne sourit pas, ici, à cet instant ? Alors je lui sourit en passant.
- Hey. Great show.
- Hey. I saw you you smilling all the time, in the front row.
- You know, I saw you here, at la Maroquinerie, last year, and I usually say it's the best concert I ever saw. But, with tonight, I don't know, which is the first and the second? I have to think of it and decide.
- Oh, thank you. That's the best compliment you could do.
18/09/2007 Architecture in Helsinki + YACHT La Maroquinerie
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