2007/10/29

Mariage à Dunkerque

26/10/2007 - Malo-les-Bains


Poulet mayonnaise pour le vin d'honneur




Filet de St Pierre à la vapeur,
aux pâtes parfumées,
poireau jeune, jus de basilic


Filet de canard sauvage
à la sauce de framboise


Assiette de fromage



Buffet de desserts

2007/10/22

Petits gâteaux


21/10/2007
Petits gâteaux pomme et canelle,
avec carré de chocolat au centre

2007/10/21

J'explore un peu la bande dessinée américaine indie

Je me suis inscrit à la médiathèque il y a six mois environ, et je tente de profiter de cette réserve pour explorer certaines domaines que je méconnais. Et tout particulièrement la bande dessinée, où ma culture ne dépassait pas Tintin, Lucky Luke and co.

Au cours de cette démarche, mon attention se porte souvent sur des auteurs américains récents, que j'aurais envie de décrire comme auteurs de comics indépendants. Pas de super héros ici, de couleurs criardes ou de super pouvoir, mais des passionnés cherchant à exploiter la forme du comics pour décrire des histoires quotidiennes, profondes.

Ma perception du monde des comics est plus que superficielles, mais elle peut être symbolisée par deux images. Tout d'abord, le film American Splendor, tiré de la série de comics d'Harvey Pekar, où il décrit sa vie quotidienne des plus banales. C'est de ce film que j'ai élaboré une sorte de mythe personnelle de la bande dessinée américaine indépendante, autobiographique, part importante de la sous-culture, reflet au plus près de la société américaine. Ce sont des auteurs proches d'une telle définition hypothétique que j'ai cherchés à découvrir.

Mais surtout, dans mon esprit, les comics américains s'associent dans mon esprit à la gigantesque boutique au pied de l'Empire State Building, que j'ai explorée une ou deux fois lors de mon passage à New York. Vitrine surchargée de figurine de Spiderman, des Quatre Fantastiques, étalages sans fin de minces revues à papier glacé et super héros en collants, exemplaires de Superman des années 50 sous blisters, rayonnages et rayonnages et rayonnages au milieu desquels les gens feuillettent le dernier numéro des "Super Pimp", et, parfois, quelques pépites diffusées dans les maisons d'éditions françaises.
Un monde d'une folle variété, qu'il me faudra encore explorer longtemps...

Néanmoins, voici quelques auteurs qui m'ont marqués.

  1. Art Spiegelman

    Maus

    Ouvrage écrit à partir des souvenirs de son père, survivant des camps d'Auschwitz. Le livre tricote les scènes de la guerre avec la description des échanges entre le père et le fils, l'enquête d'Art cherchant à écrire son livre. Le dessin est minimal, minutieux, et porté par une stylisation superbe : les juifs sont dessinés en souris, et les allemands en chats. Profond, touchant, magnifique, et premier comics récompensé par le Prix Pulitzer en 1992.

  2. Craig Thompson

    Blancket

    Un des ouvrages qui m'a longtemps fasciné, quand je le feuilletait en librairie, n'osant pas explorer plus loin ses promesses. Je l'ai finalement commandé en anglais, et sa lecture reste un grand moment de mon année 2007. 400 pages d'autobiographie magnifiquement dessinée, les rapports à l'éducation pieuse d'une campagne américaine, et surtout, le superbe récit d'un premier amour. Le dessin noir et blanc s'étire, suit les émotions de son trait doux, et malgré les quelques maladresses ou clichés, j'ai été profondément touché.

    Un américain en balade
    Carnet de voyage dessiné au jour le jour durant la promotion française de Blancket. Peu voire pas de récit, simplement les sensations du dessinateur découvrant la France, Barcelone, le Maroc. Ses état d'âme, son mal être à se trouver longtemps loin de chez lui, quand un rhume devient source d'inquiétude et de culpabilité. Pas une oeuvre essentielle, mais une belle esquisse de portrait de Craig Thompson, de son état d'esprit découvreur, et bien, sûr, ses magnifiques dessins pleine page.

  3. Charles Burns

    Black Hole
    Encore un ouvrage passionnant, fascinant. Dans les années 70, dans les environ de Seattle, les adolescents se voient touchés par un étrange virus, qui déforment certaines parties de leur corps, façon zombies. Le virus ne se transmets qu'au cours d'un rapport sexuel.
    Mélange habile de références, films de zombie, rêves, vie adolescente entre cours, bières et premiers flirts, oui, l'adolescence comme moment à part, hors de la société. Le dessin est magnifique, en noir et blanc très sombre, et les portraits présentés tracent des figures fortes, des personnages dont on se souvient longuement. Une autre des mes lectures essentielles de l'année.

  4. Joe Sacco

    Joe Sacco est né à Malte, puis a étudié le journalisme aux Etats-Unis. Ses ouvrages d'enquête sur le terrain sont impressionnants, présentés sous forme de bande dessinée.

    Palestine
    Durant l'intifada du début des années 90, Joe Sacco s'est rendu dans la bande de Gaza, avec l'objectif de présenter ce que les média évoquaient à peine, la vie quotidienne des palestiniens. Il présente son enquête au jour le jour, ses rencontres, ses réflexions personnelles. Les portraits sont très forts, servis par un dessin et une mise en page ambitieuse. Quinze plus tard, ce travail reste d'une pertinence rare, même tracé dans une époque où les attentats suicides ne couraient pas les rues du moyen-orient...

    Gorazde
    Quelques années plus tard, Joe Sacco se rend dans l'enclave de Gorazde en Bosnie, juste avant les accords de paix qui mettront fin au conflit avec les serbes. Gorazde a été le cadre d'abominables génocides, et ne survit plus alors que par les convois sporadiques de l'ONU. Là aussi, Joe Sacco rencontre de nombreuses personnes, entremêlant la description du quotidien et les souvenirs de guerre.
    Plus fort encore que la série sur le Palestine, à mon avis, certainement du fait de la cohérence du propos, dans la mesure où l'ouvrage se termine sur les accords de paix. On a donc droit à un récit allant du déclenchement du génocide à l'interruption du conflit, les états d'âme des habitants face à l'incertitude. Les pages présentant les journées de génocides sont d'une puissance rare, une réussite fascinante et abominable, comme le sont toutes les grandes descriptions de confllits.

  5. Seth

    Seth est un auteur canadien passionné par l'histoire des comics, particulièrement par l'âge d'or des années 30 et par les années 50. Il permet d'avoir un léger aperçu du poids culturel des comics.

    Wimbledon Green
    Wimbledon Green est le plus grand collectionneur de comics au monde, et il recherche les pièces rares, lutte effrénée avec ses concurrents collectionneurs.
    Petit ouvrage étrange, constitué de minuscules dessins tirés directement des carnets de Seth, qui ne pensait pas les publier initialement. Portrait caricaturaux, comics mythiques inventés de toute pièce, récits burlesque de course aux originaux perdus, le livre est une fascinante succession de petites vignettes, dont la construction s'avère plutôt travaillée et ambitieuse : la majeure partie de l'histoire se voit contée sous la forme de témoignages des différents collectionneurs, témoignages souvent contradictoires et présentés en minuscules cases qui ne montrent que le visage du témoin, quasiment fixe sur une page entière...

    Le commis voyageur
    Un vieux commis raconte les mésaventures de son frère dans l'entreprise familiale, vendant des ventilateurs. Fort sentiment du temps qui passe, d'une époque révolue au pays des airs conditionnés rois, et, là encore, une passion pour la collection. Ici, des cartes des années 30, présentant des paysans avec des légumes géants, truquages photos dérisoires. L'écriture et la conduite du récit sont fines, le dessin léger et riche comme sait l'être la ligne claire, et la sourde mélancolie se diffuse délicatement. Vivement la parution du tome 2...

  6. Daniel Clowes

    Ghost World
    Série d'histoires présentant le quotidien désoeuvré d'adolescentes américaines dans une ville perdue. L'importance essentielle du look, les inquiétudes sur les premières histoires d'amour qui n'arrivent pas, les parents qui poussent pour entrer dans un grand lycée, et tout cela traduit dans de longues discussions entre filles : ce comics s'avère très riche, et fut transcrit à l'écran avec succès. Un jalon important de la bande dessinée indépendante américaine, semble-t-il, et un très beau roman d'initiation moderne.

  7. Jaime Hernandez

    Locas
    Histoire d'adolescentes américaines parues dans le fanzine "Love and rockets". Là aussi, une peinture fine du quotidien désuet entre filles, l'envie de s'acheter des bottes à $50 avant que la rivale le fasse, les dialogues essentiels et dérisoires. Mais les histoires se construisent ici avec une fantaisie folle, un profond sens parodique, convoquant des super héros, des personnages à cornes, des journalistes sorties de films noirs des années 50.

2007/10/20

Hurlons au Parc des Princes pour dynamiser l'avenir

"Non, rien de rien, non, je ne regrette rien"
Et l'ensemble du public du Parc des Princes hue le choix fâcheux de la sono du Stade. Le XV de France vient d'être surclassé par une belle équipe d'Argentine, ces bleus exposant leurs lacunes, leur manque d'imagination, leur maîtrise appliqué d'un jeu arrêté et à contre-temps.
Et ne rien regretter alors ? Huons, huons.
Les hauts-parleurs bafouillent, et, au bout d'une minute, enchaînent sur un chant argentin.

Les supporters aux joues tricolores ne sont pas à la fête, mais pour autant, c'est vrai, il ne faut pas regretter d'avoir assisté à cette finale de bronze à sens unique. Toute une soirée d'expériences et de regard critique pour dessiner quelques conclusions pour l'avenir, au moins dans mes aspirations.

Le XV de France a exposé son sens de la discipline mono-dimensionnelle, son abnégation à ne rien tenter, pourquoi risquer ? Et pourtant, déjà, cette journée de grève des transports mettait le public dans l'obligation d'exploiter sa faculté d'adaptation.
Aucun RER A, pas de bus reliant Rueil-Malmaison à Paris ou même simplement au noeud de La Défense ? Qu'à cela ne tienne, je saute sur la moto de mon chef pour rejoindre le Parc des Princes, zigzaguant avec lui au milieu des voitures de 17h, entre les filles du Bois de Boulogne et les stations services en descente quand l'essence se fait rare dans le réservoir. Et, au retour, aussi, me faufiler entre les lignes de métro réveillées, les derniers bus assurés par bonté d'âme.
Alors, comment réagir quand sept français échouent pour contourner deux argentins, incapables d'accélérer ou même d'oser ?
Que l'équipe de France ait raté son approche tactique, pourquoi pas ? Tout le monde peut se tromper. Elle aura choisi une approche, exploitée jusqu'au bout, et pourquoi pas ? Avoir tenté une approche du rugby moderne, très défensif, uniquement rigoureux et physique. Mauvaise analyse des situations et enjeux, ou analyse incomplète, mais cela peut servir pour progresser.

Cependant, un goût amer apparaît dans la bouche quand un monolithisme du même genre se fait jour dans l'organisation du Parc des Princes. Un joli stade massivement rempli de supporters internationaux, argentins, mais aussi sud africains, australiens, et déguisés, enthousiastes, chantant... Rassemblement mondial pour Coupe du Monde, toute une alléchante fraternité.
Et que nous a servi la sono pour donner de l'entrain à ce rassemblement bigarré ? Piaf, donc, et à la mi-temps, "Emmenez-moi" de Charles Aznavour.

Vive la France moderne, épanouie dans la mondialisation.

Entendons-nous, "Emmenez-moi" est une belle chanson, un classique. Mais là réside tout le problème : c'est avant tout un classique, et rien ne nous sera servi d'autre que du classique bien français. Ne pouvait-on pas présenter un programme plus ambitieux, plus métissé, même en restant français, sans se restreindre aux clichés façon exception culturelle française ?
C'était France - Argentine, un choix évident aurait consisté à sélectionner Manu Chao.
C'était une fête de l'Ovalie, pourquoi avoir toujours confiné les chansons de bandas à moins d'une minute ?
C'était une fête de la jeunesse et du dynamisme, pourquoi ne pas avoir diffusé les Daft Punk, stars mondiales françaises, Noir Désir ou Luke pour leur énergie rock, Grand Corps Malade, Joey Starr, TTC, même un groupe de rock lycéen comme Second Sex ?

Et je me restreins à des exemples eux-mêmes assez consensuels.
Mais cela n'aurait-il pas fait un joli mix, où l'on aurait pu glisser Aznavour avec goût, une belle photo moderne et éloignée d'un arrière-goût de Paris musée ?...

C'est une approche auquel je souhaiterais tendre, et qui me semble applicable pour la musique, pour les futures évolutions de l'équipe de France de rugby, pour la conduite de la recherche scientifique ou la définition de nouvelles utopies politiques.
Digérer les classiques, les fameuses valeurs que l'on proclame pour la grande chanson française ou le french flair légendaire du rugby. Puis les oublier, les mettre de côté, juste les garder très loin, en écho. Car rester ouvert, ouvert, dialoguant, comparant, en prise avec les évolutions récentes. Et de ce dialogue, faire surgir de l'énergie et de la nouveauté. Créer en composite.

Dans une interview, le cinéaste Jim Jarmusch disait : "Nous sommes la première génération capable de proclamer qu'elle aime autant Beethoven que le punk, ne pas faire d'échelle de valeur entre Ozu et Martin Scorsese".

Et hier soir, durant le long trajet RATP du retour, le livre lu m'a paru un joli symbole de cet échange à deux dimensions qui génère une nouveauté. "Les soldats de Salamine" , de JavierCercas, l'histoire d'un journaliste enquêtant dans les années 90 sur un événement de la guerre civile Espagnole. Période forte du passé espagnole, rapport de la société actuelle à cette histoire, et un joli sens du portrait, de la conduite du récit, avec dans la cinquantaine de pages lues, une ou deux magnifiques digressions.

2007/10/17

La mélancolie bourdonne en doux refrain pop quand quelqu'un d'important s'en va

Lumière blême du matin déjà levé,
quelques plis de draps sous la main
caressent
Caresse
du doigt, du dos de la main
et regarder sa paume sur l'étoffe qui passe et tourne en cercles et vagues
fascinante.

Une main mignonne en mouvements légers.

Partie
partie il y a quelques instants
ou depuis plusieurs mois déjà, évaporée, et je réalise encore
J'en prends conscience chaque fois, régulièrement le matin,
la brume et les rêves qui s'oublient peu à peu, pourtant si clairs il y a un instant.
Je reprends pieds, je roule, retrouve la fatigue du réveil
jamais aussi épuisé qu'au réveil
et tous ses détails plan serré
ces visions
les petits bourdons qui redémarrent dans un sourire mélancolique.

Une silhouette en ombre.

Une image couverte de satin noire dont on agrippe doucement les motifs chers
les lunettes légèrement de travers
les claquements de lèvres à la fin d'une phrase, après un rire
le grain de beauté à la base du pouce gauche
le sourire bruyant
la cicatrice ronde sur le front imprimée par la varicelle des trois ans,
Une minuscule farandole égrainée en notes claires de xylophone,
dimanche matin ou en semaine, qu'importe
Tu feras toujours la grasse matinée pour ces souvenirs doux défilant rêveurs.

Et la bande de papier s'enroule möbius
une mélodie dérisoire jouée à deux doigts
un fredonnement
lalala juste pour soi
murmure
car qui a besoin de symphonie pour tout dire
ou en avoir l'impression, jouer la simplicité pour toucher ?

Et même monter d'un demi-ton sur la fin
pourquoi se retenir ?

On n'est pas là pour faire des phrases ni réinventer l'art
une berceuse juste
pour être joyeusement mélancolique
S'émerveiller
d'une lampe qui s'allume, d'une guirlande d'ampoules
de piles de disques
de la bouilloire toujours trop rapide

Se réjouir
Des disques que l'on passe le matin
pour étouffer le silence granuleux
pour se lancer un peu, se donner l'impression d'être éclatant
super-pêchu à refrains hurlants
ou même pour s'enivrer un peu plus de flottement, l'esprit ouaté
N'a-t-on pas le droit d'esquiver l'efficacité parfois ?
d'interroger la persistance aveugle, l'environnement, le quotidien sourd ?

the worst is all the lovely weather
i'm stunned it's not raining
the coffee isn't even bitter
because what's the difference?

Et puis,
finalement,
d'ailleurs,
rien ne dit,
hein,
qu'on ne retrouvera pas la silhouette sombre pour un hug ami dans une block party ?


"Someone great", LCD Soundsystem :
      single envoûtant avec vidéo au diapason...

2007/10/15

Free hugs at Bastille

14/10/2007 15h30 - Place de la Bastille, Paris

2007/10/13

Le rugby place St Sulpice

Le ravalement de l'église Saint-Sulpice a libéré la tour sud, la tour de droite. La tour de gauche est encore cachée par des échafaudages et des bâches. Le centre de la place présente également sa zone en chantier, des palissades métalliques crème avec un toit en tôle ondulée entourent un large périmètre, l'emplacement de la haute fontaine.

Entre l'église et les palissades crème, six adolescents se passent un ballon ovale. Cinq garçons et une fille, à l'âge où une fille peut-être très fine et trop longiligne, plus grande d'une tête que les cinq garçons aux joues rondes. Douze ans, peut-être.

Tous portent jeans et baskets passe-partout, des sweat-shirts unis. Les cheveux de la fille sont châtains, longs et détachés, tombant jusqu'aux épaules sur son pull en laine vert sombre, laissant discrètement apparaître le col clair d'une chemisette.

Deux sacs à dos sont posés sur le sol, dans l'alignement du bord des palissades. Un des garçons s'empare de la balle attendant au sol, loin de cette ligne des deux sacs, et se met à courir en diagonale, au large, plus vers les sacs mais presque vers l'église, contournant les autres qui ne le suivent pas. Il poursuit sa course au large, dépasse la ligne imaginée, et s'avance jusqu'à l'alignement des bancs et des arbres, et se retourne. Il regarde un instant les autres, penché vers l'avant, et appuie rapidement le ballon au sol d'une main.

Le groupe se sépare en deux, deux équipes de trois face à face. Un des garçons au niveau des sacs à dos frappe la balle au pied, elle décolle et se dirige vers les palissades de la fontaine, sans les atteindre. On repasse la balle, et un autre frappe de nouveau la balle au pied, et elle se dirige tout à fait vers le toit de tôle ondulée, frappe le métal, rebondit deux ou trois fois et s'immobilise, roule dans le sens de la pente. Au bas du toit, elle tombe dans l'espace derrière la palissade, le toit et la palissade ne sont pas raccords. Cris. Ils récupèrent la balle grâce au trou d'une trentaine de centimètre aux pieds des palissades.

- Pénalité !

Trois garçons se prennent alors par la main, en ligne, et les deux aux extrémités lèvent leur bras extérieur. Ils sont tournés vers les deux qui prennent soin du ballon, et reculent de plusieurs pas, la fille se plaçant derrière eux. Le ballon est posé sur le sol verticalement, maintenu par le doigt d'un jeune accroupi.
- Tu l'as lève bien, hein ?
Le garçon prend quelques pas d'élan, court et frappe la balle du pied qui décolle et passe en courbe entre les bars écartés des poteaux de but humains. La fille frappe de la main la balle en phase descendante qui rebondit devant elle. Un garçon frappe la main du buteur en criant de joie.

Sur les palissades crème, de hautes photos de personnages héroïques en maillots bleu sombre. Photos d'un mètre de haut environ, une dizaine par côté du carré de palissades, photos de studio extrêmement posées. Décor brun et comme rouille façon usine, avec fumée blanche enrobant certains images, comme sortant du sol, les temps modernes, les héros en enfer ? Deux soulèvent un troisième à deux mètres au dessus du sol en le soutenant par le short, un gros plan sur un regard d'un homme au casque noir, trois hommes marchent décidés vers nous le regard droit et se serrant les coudes, et sur chaque image, la lumière s'étale très artificielle, vomie par d'énormes projecteurs invisibles, puis retouchée, le grain de peau luit mais s'affiche parfaitement égale, et surtout, surtout, l'éclat des maillots est plus synthétique et électrique qu'un conteneur de polyester concentré, simplement superbes et lisses et idéaux.

Une brochette géante de papier glacé.

12/10/2007 19h00 - Paris, Place Saint-Sulpice

2007/10/12

Quiche rueilloise

10/10/2007 - Rueil-Malmaison
Quiche courgettes / lardons, quelques oignons
(et légèrement gratinée après la photo)

2007/10/11

Un peu de littérature de langue allemande pour s'immerger

- Oh, attendez un instant. Vous méritez une médaille. Il n'y a pas grand monde qui lit Robert Walser, chapeau.
- Parfois, il faut avoir le courage d'affronter certains ouvrages.

Hier, à la Médiathèque de Rueil-Malmaison, je passe prolonger l'emprunt du roman "Le commis" , écrit par Robert Walser, dont il me reste une soixantaine de pages à lire. Le bibliothécaire m'a fait cette remarque en découvrant le titre du livre.
Et j'ai été fier, je dois l'avouer.

Robert Walser est un personnage assez atypique de la littérature de langue allemande. Né en suisse, il connaît le succès littéraire à Berlin au début des années 1900, particulièrement par ces nouvelles et trois romans. Mais il rentre en Suisse dès 1913, sujet semble-t-il à une dépression, et ralentit son rythme d'écriture. Il se présente en 1933 en hôpital psychiatrique, où il restera jusqu'à sa mort en 1956 : une mort emblématique de ce promeneur passionné, retrouvé étendu dans la neige le soir de Noël.

"Le commis" raconte l'histoire d'un jeune homme employé par un inventeur, créateur de machines au succès approximatif : une horloge-réclame pour gagner de l'argent de la publicité, la machine automatique pour tireur, distributeur de paquet de cigarettes. Le jeune homme loge dans la grande maison bourgeoise, partage la vie quotidienne de la famille, et souvent, la frontière entre travail de bureau et aide à la vie de famille s'estompe, puisqu'il arrose le jardin ou s'occupe des paquets de la femme.

L'écriture est plutôt envoûtante, portée par un style assez neutre, voire plat, mais plus varié qu'entrevu au premier abord. De longs monologues du commis apparaissent régulièrement, le fil du récit est joyeusement sinueux et improvisé, le roman ayant été écrit en à peine trois semaines, et les descriptions de la nature éclatent dans un lyrisme souvent surprenant. Un roman d'apprentissage, certes, mais plaisant.

J'ai entendu parlé de ce Robert Walser par le livre "Bartleby et compagnie" d'Enrique Vila-Matas. Cet auteur espagnol semble fasciné par ces auteurs qui, tels Bartleby, préfèrent ne pas et quittent l'écriture, dont les oeuvres ne contiennent qu'un ou deux livres, des longs ouvrages inachevés. "Bartleby et compagnie" se présente comme une suite d'anecdotes et de présentations de tels écrivains Bartleby, et Robert Walser y est cité en bonne place.

C'est donc tout naturellement que j'ai choisi Robert Walser pour lancer mon exploration de la littérature de langue allemande.

Durant mon séjour de deux mois à Duisburg l'an passé, j'avais constaté mon inculture totale en matière de littérature allemande. Je n'avais lu auparavant qu'un seul auteur de langue allemande, ce cher Kafka, et j'étais bien incapable de citer un écrivain allemand contemporain. Une terre vierge à explorer !

J'ai donc effectué quelques recherches, suis resté à l'écoute des échos de l'actualité littéraire, et j'ai commencé une liste de lecture. Liste présentée en deux temps : les livres que j'ai achetés pour les déguster dans ma chambre allemande à partir de mi-novembre, et d'autres ouvrages qui semblent intéressants à moyen terme.


Livres qui seront lus très bientôt :

  • Le commis - Robert Walser (1908)
    Bientôt au bout !

  • L'homme sans qualité - Robert Musil (1930)
    Très long roman de ce fameux auteur autrichien, considéré comme chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle. Deux tomes de 900pages chacun, on verra ce que cela va donner. Précisons que Musil est lui aussi un écrivain Bartleby, dans la mesure où il n'est jamais parvenu à conclure cet "Homme sans qualité"...

  • Le liseur - Bernhard Schlink (1995)
    L'histoire complexe d'une liaison entre un adolescent et une femme de 35 ans, associée à un rituel de lecture à haute voix. Ce roman semble avoir connu un succès critique certain à sa sortie.

Livres qui ont retenu mon attention pour un peu plus tard (liste à élargir...) :
  • Le loup des steppes - Herman Hesse (1927)
    Un homme désabusé n'arrive pas à s'intégrer dans une société qui ne lui ressemble pas, "un roman de crise existentiel", interdit sous le régime nazi. Un des chefs d'oeuvre d'Herman Hesse, prix Nobel en 1946.

  • Le tambour - Günther Grass (1959)
    Réalisme magique, prix Nobel, seconde guerre mondiale : beaucoup de bonnes raisons pour se pencher sur ce roman.

  • Le parfum : histoire d'un meurtrier - Patrick Süskind (1986)
    Au XVIIème siècle, l'étonnant destin de Jean-Baptiste Grenouille, qui possède un sens olfactif hors du commun. Best-seller mondial bien connu...

  • Histoires sans gravité - Ingo Schulze (1998)
    Auteur d'Allemagne de l'Est, qui décrit dans ses nouvelles la vie de ceux qui ont connu l'avant et l'après chute du Mur de Berlin. Histoire sans gravité se présente comme une série de courtes histoires, qui forment finalement un roman.
  • Les arpenteurs du monde - Daniel Kehlmann (2006)
    La rencontre, au XIXème siècle, de Alexander von Humboldt, explorateur de la forêt vierge, et de Carl Friedrich Gauss, le prince des mathématiques et des statistiques. Succès foudroyant en Allemagne pour ce roman publié début 2007 en France.

  • La fille sans qualité - Juli Zeh (2004)
    La manipulation d'un professeur de littérature par deux adolescents, dont la jeune Ada, redoutablement intelligente, et passionnée de Robert Musil.

2007/10/10

L'automne s'avance et revoici les repas montagnards

08/10/2007 - Le Brasier, Paris

2007/10/06

Parler cinéma pour la télé au café

- C’est vrai qu’il y a de très belles images. J’ai beaucoup aimé cette utilisation de la caméra DV, avec de gros grains sur l’image, ces enchaînements assez poétiques. Je pense ainsi au trajet dans Paris, dans un gros 4x4, avec une image déformée par la vitre, onirique.
- Oui, et aussi une scène dans un théâtre, un ballet, avec un grand écran au fond. La scène qui s’ouvre sur un très gros plan sur cet écran, tramé, on ne sait pas si c’est réel, d’où provient la déformation, puis le cadre s’élargit et les têtes des danseurs commencent à apparaître au premier plan, en bas. Poétique, magnifique.
- Cette recherche formelle m’a paru intéressante.
- On ne peut pas nier une grande beauté, toutes les scènes avec les défilés de mode, esthétiquement très fortes. Oui, c’est certain, c’est autrement mieux filmé de Michael Moore.
- Mais ce n’est pas la même chose. Michael Moore, c’est de l’investigation !
- On en revient toujours au même point. Pourquoi côtoyer Karl trois années durant pour ne pas apporter un regard plus critique ?
- C’est presque people. On dirait un reportage dans Voici, sur le monde de la mode, presque.
- Ca manque définitivement de changements d’angles, de prises de recul.
- Oui, people, c’est tout à fait ça. Mais ça nous offert Nicole Kidman.
- Une belle surprise !
- Je ne m’y attendais pas du tout.
- Ah, Nicole Kidman.
- Excusez-moi, je vais devoir vous interrompre un instant. Il y a un problème de son.

L’ingénieur se lève, barbu, gros casque sur les oreilles, et s’approche de la jeune fille au centre, tend sa main vers le revers de sa veste verte. Le micro cravate est tombé à nouveau, il ne tient pas bien sur ce tissu épais. Nous autres, les trois autres, attendons autour, buvant une gorgée ou deux de jus d’orange dans nos verres en plastique, les bouteilles cachées sous la table pour ne pas apparaître à l’écran. La discussion va bientôt pouvoir reprendre.

« Recherchons candidats pour un micro-kafé, dans le cadre de l’émission « Dimanche le cinéma » sur France 2 »

« Bonjour,
Content que tu sois intéressé !
Il s’agirait d’assister à la projection en avant-première du film Lagerfeld Confidentiel, au Planet Hollywood des Champs-Elysées, mercredi prochain à 18h. Nous irons ensuite dans un café, sur les Champs Elysées, pour discuter du film. Le tournage durerait une vingtaine de minutes, réunissant quatre téléspectateurs.
Je te rappelle lundi en fin de journée pour confirmer les détails pratique. »

Mercredi, donc, me voici m’enfonçant dans le Planet Hollywood, franchissant les cordons d’hôtesses par la simple phrase « je viens pour la projection du film Lagerfeld Confidentiel ». Immense salle au sous-sol, peuplée de costumes et de statues, Terminator 2 à l’entrée ou le masque de Predator, et de grands écrans diffusant en boucle des extraits de films commerciaux, des clips de gros tubes calibrés, et je me glisse vers les toilettes au son d’une chanson de Beetlejuice. Les toilettes sont propres mais très vétustes, le souci du décor a dû s’arrêter à la porte, mais reprend heureusement dans la salle du fond, velours rouges aux murs après le costume de Jean Yanne dans « Liberté, égalité et choucroute », avec un homme à une petite table, contrôlant une liste.
Mon nom n’est pas sur la liste, mais l’évocation de France 2 suffit.

Salle de cinéma large, aux fauteuils classiquement rouges, sept rangées de 14 sièges, où s’éparpille un public encore clairsemé, chacun muni d’un quotidien. Je m’assois à deux places d’un homme avec Le Monde plié sur sa cuisse, discutant sérieusement avec une femme.

- Est-ce que tu as vu de bons films en ce moment.
- Non, que des navets. J’en ai vu deux hier, deux navets. Un film avec Gad Elmaleh, « Comme son père », « Avec son père », je ne sais plus. Non, pas deux navets, un navet. Et l’autre est très quelconque, filmé comme un téléfilm, sans grand intérêt. Et toi ?
- Moi j’ai vu le Woody Allen. Pas mal.
- Tiens, bonjour Carlos.

Un homme s’est glissé dans la rangée, salue, s’assoit à côté de moi, et se penche vers la femme assise devant moi. Il n’est plus assis que sur le bout de son siège.

- Alors, tu as fini ton papier, Carlos.
- Non, c’est pour dimanche. Je vais boucler ça samedi. Tu pourras le lire dimanche.
- Non, je suis en Suisse dimanche.
- Ah. Je te l’enverrai quand j’ai terminé.
- Alors, il est comment Annaud ?
- Le film, comment dire ? Tu verras dans l’article. Mais j’ai eu un très bel entretien avec lui. Il s’est vraiment confié. Il a dit des choses qui lui tenaient vraiment à cœur, il me semble. L’importance qu’il portait à la mythologie, un vrai passionné depuis le collège. Et c’est là qu’il a dit quelque chose de très fort, qu’il a expliqué d’où lui vient cette passion. Une prof de français au collège, des rapports très forts entre eux. Tu imagines, ce gosse de douze ans, qui lit Eschyle dans les bras de cette femme ?

Un homme plus loin tient une demi feuille imprimée en noir et blanc, « Lagerfeld Confidentiel – Projection de Presse ».
Je parcours la brochure fournie pour décrire le film, petit livret en papier glacé rempli d’interviews, de conférences de presse post-projection à la Berlinale, de déclarations d’intention du réalisateur. Il sera étrange de comparer avec le film lui-même, qui ne dégage pas vraiment la même impression d’intimité, de document rare, mais alors pas du tout. Mais qui saura faire rire par moment cette troupe de critiques, le sens de l’aphorisme de Karl étant précieux pour le rythme du film, par moment.

Je sors, « Never win » de Fischerspooner encore dans la tête : efficace et entêtant et tellement évident pour montrer des défilés de mode esthétisés et donc tellement facile de la part du réalisateur.
Et nous commençons à descendre pour rejoindre le café de l’interview, un peu plus bas dans l’avenue, je découvre mes compagnons. Un jeune homme en costume – cravate sobre, avec sacoche en cuire, une jeune fille à la coiffure crépue et volumineuse, son copain au bras, et le garçon de la télévision, barbu, jean noir et chemisette sombre, notre guide. Le dernier larron nous rejoindra un peu plus tard à notre destination, notre café des Champs pour la télé : un snack Pomme de Pain, au 50 avenue des Champs Elysées.

On nous offre, au choix, un café, un jus d’orange, une San Pellegrino, et l’on nous emmène à l’étage par l’escalier en colimaçon. Un caméraman, un preneur de son, une table basse rouge avec quatre fauteuils rouges installés côte à côte, demi arc de cercle en rang devant le mur rouge franc et uni. C’est un peu pour ce mur qu’ils ont choisi cet établissement, semble-t-il.
On nous fait asseoir, nous installe des micros. Nous interdit de discuter du film. Ne pas perdre la fraîcheur !

La jeune fille travaille dans la mode, créatrice d’accessoires, en collaboration avec l’Afrique. C’est une amie du caméraman, contacté pour rééquilibrer la parité de notre groupe. Le costume cravaté est ingénieur automobile, d’une trentaine d’année. Et le dernier des quatre est étudiant en journaliste, cheveux bouclés et lunettes rectangulaires à épaisses montures noires, pull à damier gris avec col de chemisette vert franc, jean slim noir et Converses.

Nous trois, les garçons, avons vu l’annonce sur le forum des Inrocks.com, et sommes plutôt amateurs de cinéma, peu enthousiasmé par le sujet du film, reconnaissant des qualités visuelles, une recherche d’images, sans trop tressés de louanges. La jeune fille est plus intéressée par Karl, le personnage de Karl, son génie, et s’avoue déçue par le manque la légèreté du contenu, les fous rires du réalisateur bafouillant ses questions bateaux entre deux fous rires.
Le film ne devrait donc satisfaire totalement ni les uns ni les autres, non ?

Et cela aura été amusant d’en discuter alignés, le cou tournés, sentant un peu de retenue chez les autres, conscients du côté artificiel d’être poussés à discuter ainsi : discutez, continuez, au milieu d’un commentaire ponctuel des cameramen sur les gains à régler, des interruptions de l’ingénieur du son pour micro tombé, discutez, mettez-y un peu de folie, parlez !

On se sépare tout de même souriants après avoir signé une déchargé concernant « la diffusion sur tout moyen (existant ou à découvrir) », rencontre imprévue, et l’on se dit à bientôt pour la diffusion, dimanche 14 octobre à 22h40 sur France 2.

2007/10/04

Anelka, c'est bon

27/09/2007 - Rueil Malmaison - Menu Anelka

"Hé, la cuisine, dépêchez-vous, il ne me reste plus qu'un seul Michalak !"