2008/05/26

200 danseurs de swing sur la Place de Ljubljana

- He, guys, do you believe in Jesus ?

Au milieu de la place pavé, un homme parle dans un micro. Il porte un béret noir, un T-shirt sans manche, les deux bras tatoués de l’épaule au poignet. Il est tourné vers la façade rose aux colonnes blanches, le dos vers le fleuve et les trois ponts.

- Si vous croyez, venez nous aider. Venez, venez, nous avons déjà reçu l’aide de l’équipe polonaise. Nous avons encore besoin de vingt personnes pour parvenir à deux cents danseurs, pour faire l’histoire !

Dans l’alignement de la rue qui débute sur la droite de la façade rose, une douzaine de jeunes rigolent dans leur survêtement jaune et leurs pantalons bleus, certains tournant des appareils photo vers le centre de la place.

- Allez, c’est reparti pour un nouveau tour danse !

Une musique surgit des haut-parleurs installés autour de la place, au début d’un des trois ponts, au pied de la statue aux personnages vert sombre. Quelques notes de cuivre, martèlements jazzy, une petite volée de piano légère, et tout autour de la place, des danseurs suivent les mêmes gestes bondissants.

La jambe droite décrit un cercle latéral, venant frapper la pointe du pied gauche, puis la gauche se lance en cercle vers l’arrière, la pointe vers le talon droit, puis les pieds se déplacent latéralement, jambes écartées un temps, puis rapprochées aussitôt, croisées, la gauche passant derrière. Puis les danseurs pivotent sur place, une jambe fixe, axe de rotation, et l’autre marquant la révolution, ils tournent dans un sens agitant une main, puis dans l’autre sens avec l’autre main. Les danseurs tournent le dos et avancent de quelques pas, s’éloignant les uns des autres, puis regardent à nouveau vers le centre de la place, pliés en avant, les hommes agitant les bras devant leurs genoux et les femmes levant les jambes vers l’arrière, puis tous se redressent, lèvent le genou jusqu’à hauteur du ventre pour le frapper des deux mains, une jambe, puis l’autre, puis l’autre. Ils se tournent de profil, ils reculent la jambe. Ils s’arrêtent une seconde, puis repartent. Se penchent vers l’avant, posent une main au sol, deux fois de suite.
Les danseurs forment un large cercle sur les bords de la place, le centre n’accueille qu’une demi-douzainee de personnes. Grande place pavée où danse ce large cercle entre les trois ponts, les statues de dragon, les façades à colonnes et la statue excentrée, un homme en costume avec la main sur le ventre et une femme drapée, assise en amazone sur une pierre. Cercle formé de femmes à robes noires et longues, aux cheveux tenus par un ruban, de très jeunes filles en pantalons et en talon, d’hommes en jeans et T-shirts, d’étudiants avec sacs en bandoulières, des adolescents en survêtements jaunes, et tous portent un collier de tissu rouge, auquel est fixé un rectangle blanc avec un numéro.

Autour du cercle, des gens observent immobiles, des couples se tenant par le cou en souriant. Une femme avec une veste léopard tient un micro bleu, debout à côté d’une caméra sur trépied.
La musique s’éteint.
- C’est bon, nous allons pouvoir tenter le record. Le record du monde du plus grand swing de groupe. Mais, je dois préciser que, pour que le record soit homologué, il nous faut réaliser deux tours de danse à la suite. Alors restez concentrés quand la musique s’arrêtera la première fois. Vous êtes prêts ?

Une femme danse entre deux enfants. A gauche, garçon de 8 ans avec manteau en cuir noir, tournant la tête, mimant les pas, tournant et se frappant les cuisses. A droite, garçon hilare de 5 ans, tripotant le collier de tissus, ils regardent la place et ses voisins et il rit, immobile. La femme lui prend les mains, agitent les bras, meneuse avec son cavalier, puis le prend dans ses bras, reproduisant parfaitement les pas à deux.

La musique s’éteint, le même air reprend. Puis la musique s’éteint de nouveau, et les gens crient. L’homme tatoué au béret a repris le micro.

- Merci à tous. Merci infiniment. Je suis très fier d’avoir pu atteindre ce record ici, à Ljubljana, où, je vous le rappelle, le swing a débuté, juste après la guerre. Le swing est donc revenu à la maison. C’est beau, ça lance parfaitement ce championnat de swing. Merci, merci à tous, merci aux organisateurs, merci à Bob, qui a donné les leçons de swing durant tout l’après-midi. On ne pouvait pas imaginer que cela allait se finir ainsi, mais il n’a pas baissé les bras, il vous a guidé toute l’après-midi. Merci, merci.

Un homme avec sweat-shirt à capuche s’approche du tatoué, les yeux brillants. Ils se serrent dans les bras.




Centrer

26.04.2008 18h30 - Presernov Trg - Ljubljana

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