2008/09/23

Pomme d'amour et beignet à la confiture près de l'accordéon

La scène avec des danseurs amateurs et de l'accordéon, dans une rue, des tentes associatives. Et dans l'autre rue, le vendeur de crêpes et confiseries. Allez, une crêpe, joli goûter pour ce samedi ensoleillé.

Et pourquoi pas un beignet ?
Le vendeur coupe en deux le beignets, glisse quelques cuillères de confiture de fraise, le met à chauffer quelques minutes sur la plaque de cuisson. J'ai déjà sorti mes trois pièces de monnaie.

Il me donne le beignet, et aussitôt, me tend une pomme d'amour en bonus.
Trente secondes auparavant, il en avait déjà tendu à deux femmes longeant les stands, faisant apparemment partie de l'organisation.
Mon dieu, le patron est devenu fou ! Tout doit disparaître !

Pomme d'amour - Beignet à la confiture de fraise
20/09/2008 - Paris IIIème

2008/09/21

Accordéon et pomme d'amour là où y'a des frites

Samedi 20 septembre 2008 - 18h

Carrefour des rues Perrée, de Picardie et du Forrez, Paris IIIème

Des barrières dans la diagonale du carrefour, devant une estrade d'un mètre de haute. Un homme et une femme sont debout au milieu du carrefour, à côté de deux vélos blancs.

Sur l'estrade, un polo vert, un polo bleu ciel, un polo brun à rayures horizontales, trois hommes en lignes exécutent des mouvements simultanément. Ils tournent sur eux-mêmes, sens inverse des aiguilles d'une montre, s'arrêtent torse face au carrefour, ils lèvent les pieds et bougent les bras sans avancer, ils marchent sur place. Ils tendent la jambe droite vers l'avant, quart de cercle de la jambe sur le côté, jambe tendue en diagonale, séparée d'un pas sur leur droite. Leurs deux pieds se collent, leur jambe gauche recule d'un pas et se colle à l'autre jambe, les bassins oscillent, hanches droite plus haute que la gauche, hanche droite plus basse que la gauche. Les jambes se croisent, jambe gauche devant jambe droite, et les jambes collées. Ils lèvent le bras gauche et le font tourner au dessus de leur tête, et ils se tournent au même rythme, dos vers le carrefour et face vers les bâtiments et dix personnes debout au sol. Puis face vers le carrefour, bras écartés à l'horizontal, puis dos au carrefour, et ils frappent dans leurs mains à hauteur de tête. Deux fois les mains sur la gauche et la jambe droite tendue, deux fois les mains sur la droite jambe gauche tendue, une fois à gauche, une fois à droite, une fois à gauche, puis ils plient le genou vers l'avant.



Les dix personnes devant la scène frappent dans leurs mains. Les trois hommes en polo descendent les escaliers et marchent devant l'estrade. Un homme montent les escaliers, il porte un chapeau blanc cylindrique, une veste noire, une chemise blanche avec un noeud papillon blanc, un pantalon noir à rayures blanches. Il parle.

- C'est maintenant au tour du numéro de Paris Bel-Age, mais, hélas, nous allons devoir attendre encore un peu, car l'accordéoniste est bloqué par la techno. Mais oui, très bientôt, nous allons pouvoir applaudir Paris Bel Age, un groupe de danse pour le très jeune troisième âge, disons. L'accordéoniste ne devrait plus tarder, il vient en voiture et s'est trouvé bloqué dans la techno parade.

Dans la rue devant l'estrade, une tente blanche, un homme avec un tablier blanc devant deux disques noires, des panneaux "Crêpes" et "Beignets". Il verse une pâte jaune sur un des disques, attend une minute, trempe un couteau dans un pot brun et passe le couteau sur la surface jaune. Il passe une lame plate entre le disque jaune et brun et le disque noir, rabat les deux moitiés du disque jaune et brun, plie le demi disque trois fois et le pose sur un carré blanc. Il tend le carré blanc et le disque jaune devant lui et un homme barbu les prends de la main gauche. L'homme en blanc saisit alors un baton portant une sphère rouge au sommet applati.
Le barbu tient le baton dans la main gauche et carré blanc dans la main droite.

Une femme en blanc parle sur l'estrade, un chapeau jaune à bande bleu sur la tête. Derrière elle, une femme dont la jupe noire porte trois lignes brisées blanches horizontales, un homme portant deux boites séparées par un tissu beige.

- Maintenant, donc, Paris Bel Age, l'accordéoniste est arrivé. Paris Bel Age, c'est une association de loisirs pour les troisièmes âge, nous organisons des danses, des thés dansants, des guingettes. Un car vous attend souvent place de la République, vous emmène et vous ramène. Au son joi. Au son joyeux de l'accordéon, les années soixante soixante-dix, le rock, la salsa, le tcha tcha, le passo. Tout ce que nos anciens dansaient, le rétro, des tubes. Moi, je suis des années soixantes, vous savez. Maintenant le baby boom revient en force, ils ont la forme, et ils ont besoins de loisirs, et c'est ce que nous leur proposons.
Avant de jouer, je voudrais applaudir toutes les associations. Alors un deux trois, un deux trois quatre cinq, un deux trois quatre cinq, un deux trois, bravo.
Je peux donc laisser la place à Nini, qui est une petite chanteuse Montmartraise, et qui va commencer par vous chanter "Là où y'a des frites".

L'homme rapproche et éloigne les deux boites boires, la femme à la jupe aux lignes brisées pose les mains en haut d'une barre verticale sur trépied.

- Avec Titine et Totor,
On s'enfile des litres
Les gros bleux ça fait mieux
Passer les Pom Pom

Devant la scène, l'homme au noeud papillon tourne en serrant la femme au chapeau.

- Là où la, où la, où la où Là où y a des fri i teu
Moi j'connais un p'tit coin près d'Saint-Cloud
Où l'patron vous pêche près d'un égout
Une friture de goujons pour cent sous
Qu'est pépè-è-re
Dans l'parfum d'une usine à trottins
On y sert d'la moule et du gros pain
Bébert vous le dira
Ah que c'est chouette tout ça
Bien servi sur un beau papier gras





2008/09/20

Lupus, quand la bande dessinée de science-fiction se fait roman graphique


Lupus et son ami atterrissent sur une nouvelle planète, prometteuse pour ses parties de pêche gigantesques et ses réserves généreuses de drogues hallucinogènes. Leur errance sabatique de fin d'étude devrait donc connaître une nouvelle belle étape, repoussant un peu plus encore le début d'une vie sérieuse d'adulte...


Des planètes enchaînées comme des perles, au folklore coloré et aux noms étranges, voici toute la richesse d'un bon space-opéra, et toute sa limite également, sa source de déjà-vu et son cache-misère : ces décors résonnent souvent comme un mélange de carnavalle et de vieux décors hollywoodiens, la vieille ruse de joeur le dépaysement pour masquer la faiblesse des récits. Difficile de ne pas songer à ces tics et ces facilités en parcourant les premières pages de Lupus, la bande dessinée de Frederik Peeters, car s'avance une nouvelle planète, des vaisseaux, des monstres marins mythiques, une jeune fille sans épaisseur croisée dans un bar : aïe, de la science-fiction convenue et paresseuse.

Mais comme souvent, dans ces cas-là, il suffit de quelques détails pour attirer la sympathie du lecteur. Ici, le bob et les chemises à fleurs portées par les deux accolytes. Echos évidents des déambulations hallucinées et gonzo de Hunter S. Thompson et son Fear & Loathing in Las Vegas. Voilà qui promet un peu de fraîcheur de la soupe quotidienne de la SF.

Mais l'originalité de Lupus dépasse vite ce simple bob, de par la belle maîtrise graphique affichée par Frédérik Peeters. Les cases étale leurs scènes dans un noir et blanc strict, mais dont les nuances deviennent rapidement fascinantes. Le trait se fait charbonneux, de longs aplats noirs, des raies instables, et soudain de grands espaces clairs et blancs, toute une gallerie de lumières et d'ombres se voient convoquées avec brio, installant une atmosphère profonde et riche, intriguante. Une sorte de film noir brillant et ambitieux, dosant réalisme et fantaisie futuriste, avec en particulier un magnifique sens du cadre.

Un couteau, une pelure de pomme de terre ou quelque lit vide, un soleil juteux et pesant dans un immense espace blanc. Peeters joue magnifiquement des cadres et des gros plans sur le décor, plantant parfaitement une atmosphère d'attente et d'errance, sensible dans les détails matériels les plus triviaux, posés dans des cases silencieuses à la puissance surprenante. Peeters joue de sa caméra dessinée avec brio, jusque dans son rapport aux personnages, qui se voient décortiqués dans leur regard ou les parties du corps les moins prévisibles, glissés dans l'élan d'une discussion avec une finesse souvent saisissante.

Car la grande richesse de Lupus tient à son caractère composite, l'équillibre qu'il sait trouver entre pure science fiction et profondeur des personnages. Oubliant ses réserves sur les limites de la Science-Fiction, on se régale des quelques scènes de poursuites ou des jolies idées planètaires, comme cette planète de maison de retraite réservée au troisième âge. Mais le récit n'avance pas seulement dans les voyages et la fuite de ses personnages, il creuse encore et encore leurs états d'âme dans de longues pages statiques, des réminiscences incontrôlées, des souvenirs d'enfance, de longues discussions nocturnes où les personnages s'interrogent sur la vie ou la mort, le rapport à l'enfance, l'importance d'un ami. Ses scènes se voient parfaitement dosées et délicatement supportées par le dessin brillant, et cette profondeur psychologique atteint son apogée dans le quatrième et dernier tome, huis clos immobile où les pages oniriques et surréalistes sont plus nombreuses que les deux ou trois accélérations d'action.

Quatre tomes seulement mais une oeuvre magnifique, dont il n'est possible de servir le pouvoir de suggestion et voyage en quelques lignes seulement. J'y reviendrai donc certainement dans les prochaines semaines, afin de partager au mieux ma découverte : le ravissement de découvrir un roman graphique mature qui ne soit pas autobiographique.

2008/09/14

Crêpe aux légumes en brunch à Québec

Crêpes aux légumes
Avec, en entrée, une salade de fruits : un brunch sain

09/08/2008 - rue de Bourlamaque - Québec

2008/09/12

Fumée dans le coucher du soleil sur le port de Québec





09/08/2008 - Port de Québec

2008/09/11

Une block party de graffiti et de hip-hop sur un parking de la rue Ste Catherine

Dimanche 3 août - 17h
rue Ste Catherine, entre le quartier des spectacles et la gare de bus - Montréal


Dix mètres d'espace gris entre deux immeubles de briques rouges, cinq arbres le long du trottoire sortent d'une bande d'herbe verte, et derrière, trois voitures entre des lignes blanches. Des garçons à casquettes et polo à rayures se tiennent à un mètre du mur à gauche des arbres, et deux d'entre eux tiennent une perche de trois mètres de long. Au bout de la perche, un rouleau frotte le mur de haut en bas, bandes alternatives qui passent sur les inscriptions colorées oranges, jaunes, roses, bleues., boucles visibles sur la surface du mur.

Sur une moitié du mur, l'autre moitié est noire, et le groupe de garçon se situe à la frontière entre la zone noire et la zone portant des signes colorés.

Le garçon baisse l'extrémité de la perche, introduit le cylindre blanc gris dans un pot blanc. Le rouleau sort du pot noir, le garçon relève la perche, et le mur devient noir à l'endroit où se pose le cylindre.

Dimanche 10 août - 15h
rue Ste Catherine, entre le quartier des spectacles et la gare de bus - Montréal

Derrière les arbres, des piquets gris et des pentes noires au dessus d'un groupe de personne de six mètres de diamètres, avec une épaisseur de quatre personnes sur toute sa circonférence. Sur la droite, à l'opposé du mur noir, deux tables derrière lesquelles se tiennent deux hommes penchés sur des disques, de la musique sort de boîtes noires d'un mètre de haut. Le sol et les piquets vibrent. 

Au centre du cercle humain, un garçon frappent des pieds sur le sol, les vêtements rouges et brillants sous sa casquette, la jambe droite passant par dessus la gauche, puis la gauche par dessus la droite. Il fléchit les genoux, posent les mains au sol, posant les pieds devant ses mains selon un arc de cercle, penchant le torse en arrière et se redressant totalement. Quelques pas devant lui, il lève les bras verticalement au dessus de sa tête et saute vers l'arrière, prenant ses jambes dans ses mains  et les faisant passer au dessus de sa tête. 
Une fois les pieds au sol, il crie.
Les personnes dans le cercle frappent dans leurs mains, crient, un autre garçon en vert s'approche du centre du cercle. Le sauteur en rouge frappe de la main dans celle de ce garçon, et il se penche, se penche vers l'avant et fléchit des jambes trois fois de suite.

Près du mur à la surface noire, des plans horizontaux d'un mètre de large, trois mètres de long, sont posés entre des piquets verticaux dont le sommet est à quatre mètres du sol. Deux hauteurs de plans horizontaux le long du mur, espacés d'un mètre cinquante, et deux garçons sont accroupis à deux niveaux différents, tournés vers le mur. Ils tiennent des cylindres blancs qu'ils agitent un doigt posé sur le sommet, le doigt dirigé vers le mur. Un nuage jaune entre le doigt au sommet du cylindre et le mur. Sifflement. Une ligne jaune apparaît sur la surface noire, un angle, une boucle. Au niveau du sol, le pied gauche sur le trottoir, un garçon à casquette tend le bras au milieu d'un carré blanc.

Une jeune fille se tient trois mètres derrière lui, pantalon couvert de cercles verts et bruns, les cheveux dans le milieu du dos, bruns et bouclés. Un sac bleu à fond noir pend à son épaule droite.

Quelle surprise de découvrir ce parking de la rue Ste Catherine, aux graffiti si généreux, et, apparemment, renouvelés régulièrement. Voilà une bloc party parfaitement organisée, et ce dès la semaine précédente, en effaçant les murs graffités à grands coups de peinture pour offrir un terrain de jeu à nouveau vierge.

Tags, deux DJs, des basses lourdes et quelques danseurs acrobates perdus au milieu d'un cercle de curieux et d'enthousiastes. Une petite merveille de fête urbaine. 

2008/09/10

Un hamburger de restaurant dans le vieux Montréal

08/08/2008 - Vieille ville de Montréal

2008/09/07

Nuages et reflets sur le lac aux Castors du Mont Royal

D'une certaine manière, Montréal s'organise autour du Mont Royal, point de départ historique de la ville. C'est en effet sur ce mont que ce réunissait les tribus autochtones pour pratiquer le commerce des fourrures, ce qui en faisait un centre important avant même l'arrivée des Européens. Le mont ne donne-t-il pas d'ailleurs son nom à la ville tout entière ?

Par delà l'aspect historique, la position du Mont Royal justifie à elle seule une promenade approfondie, par la vue offerte sur la ville. C'est une chance rare en effet de disposer d'une colline si haute en plein milieu d'une grande ville, point de vue naturel permettant une observation approfondie de la ville, depuis les tours du Downtown jusqu'au port ou aux banlieues nord.

Mais, avant d'atteindre le sommet et de se plonger dans la contemplation, le chemin montant passe devant le lac aux Castors. Certes assez dérisoire par comparaison avec le réseau compliqué de bassins de Centrale Parc, on découvre là un mignon petit plan d'eau de loisir, sur lequel les pédalo glissent délicatement.

De quoi amuser le photographe amateur si une lumière de qualité est présente au rendez-vous.


10/08/2008 - Lacs aux Castors, Parc du Mont Royal - Montréal

2008/09/05

Usine et bâteau partagent la rouille au bout du port de Montréal

Le port de Montréal est le centre historique de la ville, source de sa prospérité dans le commerce des fourrure puis dans l'industrie, énorme nœud d'échanges sur le St Laurent.

Désindustrialisation oblige, les usines ont peu à peu quitté la zone, ou, plus précisément, l'activité a abandonné les bâtiments présents dans cette zone. L'espace a peu à peu été réhabilité, changé en longue promenade destinée au divertissement, où l'on peut ainsi flâner le long de la rivière ou rejoindre une musée des sciences, goûter au cinéma Imax en 3D ou se restaurer dans des grandes galeries riches en snacks et junk food américaine.

Mais certains vieux bâtiments de l'époque dorée tiennent encore leur place sans mot dire, immobiles dans leur carapace rouillée.

Il y a quatre ans, j'avais ainsi été saisi par la silhouette d'un immense dépôt réfrigérant, massive et digne, non loin de la Tour de l'Horloge. Le bâtiment semble d'ailleurs avoir été fortement remis en état depuis, en tout cas il m'a semblé muni de nombreux équipements modernes... Mais, même sans preuve photographique de cette mystérieuse installation, j'ai traqué la rouille et les vieux entrepôts sur le port, car ma fascination d'il y a quatre ans a servi d'étincelle, première expérience d'une trace industrielle posée dans un quartier réhabilité, vaguement superficiel. A la suite de cet entrepôt frigorifique, je me suis régalé de l'échelle et des briques de la Tate Modern à Londres ou du vieux port intérieur de Duisburg.

Ainsi, j'ai été ravi d'admirer la longue masse de cette usine posée entre le port et une surprenante voie de chemin de fer. Un bateau du même âge mouille sur un bassin tout près, et les deux figures industrielles à la retraite doivent certainement discuter de temps à autres d'anecdotes au teint sépia.

06/08/2008 - Port de Montréal

2008/09/03

Le ciel lourd d'un port de Montréal peu estival

06/08/2008 - vieux port - Montréal

2008/09/02

Un hot-dog et des frites, mais pas de poutine

Hot-dog et frites - Menus acheté dans une camionnette snack
01/08/2008 - Ottawa, derrière le Town Hall

2008/09/01

La rue Ste Catherine de Montreal, un long ruban comme une galerie de graffiti

Lors de mon précédent week-end à Montreal, je m'étais promené un peu au hasard dans la ville, et la rue Ste Catherine m'avait laissé un souvenir diffus, assez imprécis finalement, mais plutôt séduisant. Une impression de rue univers, animée et vivante, s'étendant toute en longueur comme seules les rues nord-américaines savent parfois le faire. N'y avais-je pas croisé plusieurs paires de jumeaux identiques, réunis ici pour la convention nationale des jumeaux canadiens ?

Ainsi, dès mes premiers instants de liberté à Montréal, je me suis plongé avec ravissement dans ce mythe urbain personnel, que j'ai parcouru ravi par l'enchaînement des strates, comme égrainées par les murs peints et les graffiti.

J'ai mis les pieds dans cette belle rue Ste Catherine du côté de la rue Crescent, quartier de bars pour amateurs de sports automobiles. Motos, Ferrari, et pour asseoir l'ambiance, une fresque à l'imagerie discrètement machiste.

Mais le downtown s'installe presque aussitôt, peuplant la ligne d'horizon des quelques tours, et, quand on s'en approche, les immeubles se font plus hauts et les écrits muraux s'approchent du ciel. Ste Catherine se fait commerçante, version marques mondialisées, avec un Apple Store tout neuf où l'on peut écouter "La douleur" de Camille sur les iPod en démonstration.

On dépasse le cinéma IMAX et les quelques librairies, se faufille entre les gratte-ciels pour déboucher sur le Square Philipps et son maraîcher qui lave les pommes qu'il vous vend. Un grand magasin sur la gauche, quelques discounts Hi-Fi sur la droite, mais bien vite, surtout des bars et des snacks, et nous voici touchant au Musée d'Art Contemporrain, sa place bordées de galeries marchandes. Les scènes des Francofolies y nichent là bien à l'aise, cachant les chantiers et les fondations qui s'y creusent. Mais un coup d'oeil suffit pour sentir que l'atmosphère de Ste Catherine se fait peu à peu moins lisse, plus coquine, insoumise, capable de fresques larges et électriques.
Les trucks des parkings ne font pas oublier les larges pans de murs éclatants, et d'ailleurs, comment pourraient-ils étendre leurs cabines si haut ? Comment tendre un rideau devant de blondes mèches sales quand une affiche d'énorme fast food n'y parvient pas ?

S'ouvre en effet des blocs plus sauvages de Ste Catherine, remplis de néons roses et pornographiques, de boutiques de T-shirt punk, de snacks libanais et de hot-dogs à un dollar cinquante, de bars au décor gothique. Des jeunes au maquillage sombre y font la queue avec des T-shirt de A Bullet for My Valentine, des jeunes lancent des block parties sur des parkings où les
artistes couvrent les murs de graffiti en direct. L'Apple Store semble loin, et plus loin encore en touchant au carrefour entre Ste Catherine et la rue St Denis, jonction entre deux magies de vie urbaine. Crossroad où il n'est même pas surprenant de découvrir un festival Gay et Lesbien, occupant trois blocks, installant deux scènes où les enceintes vibrent sans fin de disco et de house sucrée. Les biceps s'affichent épais par les manches ouvertes des débardeurs, et des troyens en jupette plastique vous offrent en souriant des préservatifs au noir carton hellène. Trojan, les nordaméricains ont eu plus d'humour pour dénommer cet équivalent des Durex et Manix du marché français.

03/08/2008 - rue Ste Catherine - Montreal