2007/07/31

Soirée à Emporter de la Blogothèque

Lundi 30 juillet
Soirée à Emporter à la Flèche d'Or, organisée par la Blogothèque

18h30 à peine, les premiers partent chercher des sandwichs

Queue très vite plus longue...

Sparrow House, Jeremy Warmsley et Sebastian Kruegger d'Inlets.
Bientôt, ils reprendront "God only knows"...

Inlets

Sébastien Schuller, invité surprise.
Magnifique "Weeping willow"
Sidi Ali accompagne à l'ukulélé



2007/07/29

Retour en TGV avec des airs de post-punk dans la tête

From: Cathead Le William-North <lewilliamnorth@gmail.com>
Date: 29 juil. 2007 18:30
Subject: Retour en TGV avec des airs de post-punk dans la tête
To: Marie-Posa

Coucou Marie-Posa,

Comme promis, dès le TGV du retour, me voici t'écrivant un message. Et comme prévu, beaucoup d'images à transmettre et de souvenirs à raconter. Cela ne laisse pas énormément de place pour prendre de tes nouvelles, tu m'en vois désolé. Le plus simple sera que je te téléphone, rien de mieux pour un peu plus de dialogue... (mais j'espère que tu vas bien, hein)

D'autant que les derniers jours ont été plutôt intenses, particulièrement intérieurement, et que le besoin d'y mettre un peu d'ordre se fait sentir. Cela risque d'être un peu long à nouveau, mais, parfois, c'est assez justifié. Je l'espère !

Enfin, allons-y.

On pourrait commencer par samedi matin et cette phrase parfaitement synthétique : Mais qu'est-ce que je fous là ?

Quai TER après bus vide dans Marseille s'éveillant, TER tout droit vers Miramas. Compartiment de huit où une femme feuillette le même Libération que le mien, où un jeune homme ébouriffé en costume sombre dort en position foetale sur deux places. Pas de nuages mais pas vraiment de paysage non plus le long des voies. Où sont les calanques et les baignades dans la mer claire ?

Et samedi après-midi, plus perdu encore, tu sais, filtrer, rincer, laver l'eau de la piscine, et empoigner le sable gris à la main, manche du T-shirt blanc souillé, vider les bassines d'eau trouble sur une pente de garage, et chlore en poudre, dosette, presque cup, règle de trois, joint trop lâche et vanne à boule baillante, rouleau de Téflon blanc pour habiller les pas des vis et lancer à terre des rubans riant un peu plus fort. Samedi après-midi eau de javel et piscine privative de 1,20m de profondeur, sauvons l'eau fraîchement versée la veille et traitons-la. Samedi après-midi épongeant dans le garage, après le samedi matin à la médiathèque pour rassembler quelques anciens numéros du Monde et un exemplaire prometteur de Géo.

Où s'écoule l'utopie du vendredi, le patio étudiant au milieu des montagnes, les langues étrangères qui se mélangent, les chemins se faufilant lovés entre les buissons et les pierres blanches, les belvédères, plages qui se glissent coquines dans une mer joyeuse, les pique-niques, les discussions nocturnes ?
Où ?
Que sont mes calanques devenues ?

Les utopies survivent-elles au départ, y croit-on encore ?

Samedi, je relève la tête de l'utopie du vendredi et de son oreiller doux, et le front heurte le week-end quotidien et répété. Cri ! La banalité frappe le rêve, voici le premier cri du punk, et je hurle en punk ce samedi.
JE HAIS LES COUPLES QUI SE RAPPELLENT (chéri) QUAND JE SUIS SEUL, JE LES HAIS TOUT COURT.
Je sen le punk irriguer mes frémissements, gonflant fièrement ma poitrine au T-shirt marque de bière, mes chaussures aux lacets non noués, ma barbe hirsute de festivalier. Mes lunettes noires portées dans la maison. Je suis punk et je ne chante plus, j'éructe, c'est ainsi qu'il faut dire, j'éructe.
I'M LIVING IN THIS MOVIE BUT IT DOESN'T MOVE ME BOREDOM BOREDOM.

Puis je me rappelle que le punk est mort en 1978. Regardons mieux, soyons plus serein. Qu'y a-t-il devant moi, en ce samedi ?

Un pavillon fraîchement emménagé, plein d'espaces en promesses de vies futures et d'instants partagés à deux, et, peut-être un joue, à plus. Des photos aux murs, des endroits beaux et des visites ensemble, c'est un couple heureux, ravi d'être à deux comme une légère caresse sur le bras ou une main doucement posée sur la cuisse en voiture. Un bonheur jeune qui s'installe et note peu à peu le process, un couple qui s'embrasse, se tient la main dans les rues piétonnes et sur les places à fontaine au milieu des façades jaunes. Ils sourient et murmurent, ils se sourient.

Mais où est le problème ? Kein problem ! Juste un couple comme dans le film Lemming, d'une certaine manière, jeune, dans une belle maison moderne, un mari ingénieur avec une belle situation et une femme en transition professionnelle, et, point essentiel, ils s'aiment. Un couple, c'est la vie. Ils s'aiment, and so what ?

Tu vois, en y songeant, c'est surtout moi qui ait du mal à me positionner face aux couples installés quand je leur rend visite. On en avait déjà un peu parlé tous les deux, il me semble. Plaisir de discuter avec des amis, avec leur copain ou leur copine, mais je ne me sens pas toujours détendu face à leur vie à deux. Leur quotidien, leurs habitudes, leurs projets. Je ne sais pas trop comme dire, en fait. Léger malaise de célibataire étudiant longue durée. Perplexité. Incrédulité. Peut-être ça, perplexité polie.

Et donc une certaine distance dans mon empathie, même assez légère.

Par conséquent, punk ne correspond pas vraiment à la situation. Le modèle du choc entre utopie et réalité me paraît toujours valide, mais sans trop de violence, sans révolte. Plutôt une distance, oui, un profond sentiment d'indépendance, mon indépendance, rester fidèle à mes rêves, même si, c'est certain, ils sont moins ambitieux, moins huilés, moins durables que ceux d'une vie à deux qui continue à construire. Avoir entendu le choc bousculant l'utopie et le réflexe de révolte, et en préserver l'esprit, mais avec le sourire, lucide aussi sur mes propres imperfections. Ne plus sentir le besoin de hurler pour faire éclater les vitres propres et les échelles de piscine, mais danser, danser comme eux font la ronde en souriant, eux tous, je danse à leurs côtés, mon rythme est simplement un peu déphasé.

Accepter ainsi une attitude post-punk.

Le vent du dégoût n'avait pas beaucoup plus de justesse que la mélodie du bonheur qui l'avait réveillé, alors je n'en garde que l'écho, la décharge d'énergie, et je m'en nourris pour danser raide sur une basse ronde. Laid back, lunettes noires plus loureediennes encore, appréciant l'instant dans le pavillon clair, les promenades dans les jolis villages du Lubéron. Tout en repensant serein à la magie des calanques, dansant les yeux fermés.

Glisser de pierres en pierres, marches blanches en stries dans la montagne, sautiller en bavardant, quelle nature, mais non, tout n'a pas encore été aperçu, léger tournant du chemin, appel et plongée visuelle bleue au moment du contre-appel. Arbres et pierres et ondes et bateaux et silence, ciel bleu, une eau claire et fraîche qui nous accueille, et le vent debout sur le rocher où l'on sèche trop tôt, il faudra sauter pour retourner à l'eau d'un seul élan.
Puis pique-niquer. Partager les sandwichs, les fruits, le gâteau aux carottes et les grains de raisin chauds car cueillis du matin dans les vignes des Calvisson. Partager ces pures gourmandises par petites tranches répétées, encore et encore, en bavardant de théâtre, les cheveux flotteraient au vent s'ils n'avaient pas été coupés dix jours plus tôt, s'ils n'étaient pas retenus par quatre mignonnes petites pinces marrons ou par un joli foulard vert. Pour juste s'absorber dans l'ambiance, l'espace, l'air d'en-haut.

Je sais que tu vois un peu le genre d'instants. Ceux où l'on serait tombé amoureux si l'on était resté un jour de plus. Mais dont on laisse l'ambiance nous baigner longtemps encore, une ligne de basse courant souple en fond sonore. Un bon trip s'écoulant le long du courant, mélancolique, rythmé et souriant à la fois.

Enfin.
Une jolie journée finalement, tombant simplement le lendemain d'un instant superbe. Tu peux comprendre que j'aie eu envie d'en parler.

A très bientôt pour une discussion live, je souhaite que ces derniers jours aient été fous et intenses pour toi aussi !

Bisous,

Cathead

PS J'ai cherché un peu dans ma mémoire des exemples, des lectures, peut-être des films, pour comparer...

2007/07/26

Baptême de Festival d'Avignon (in)

samedi 21/07/2007
Angels in America I & II (Tony Kushner).
mis en scène par Krzysztof Warlikowski, en polonais surtitré

Assis les yeux fermés au cinquième rang, il est une heure du matin.
Assis au P-ième rang, une couche de vêtements en moins, il est 23h.
Ou dans l'ombre d'une rue presque vide, totalement silencieuse, à 3h.

Tant de mouvements intérieurs durant la soirée, grande expérience, et néanmoins, je commencerai toujours mon récit, assurément, en parlant d'

une pièce de six heures en polonais

Concentrer et réduire, formule frappante, mais à enrichir et colorer aussitôt, car réduire et passer à côté. D'une riche fresque aux personnages multiples, profonds, ballottés et hurlants et dures, presque tous. Un long ruban aux accents classiques, tragiques, de nombreux tableaux aux figures familières, aux thèmes sans époques, la mort, la mère, l'ange, le rêve, la vision, le fantôme, et tous ces éléments éprouvés distribués dans des tableaux et des mots modernes, des thématiques contemporaines et rattachées fidèlement aux années 80, le sida, les yuppies, l'homosexualité, Reagan et ses républicains. Une longue histoire déroulée sur six heures, donc, ou presque, durant lesquelles les fils se tendent, se croisent et se tissent, durant lesquelles le récit coule et les mots s'échangent violents, mais forts et puissants, souvent, un chemin d'ombre où le son redescend et les rideaux se relèvent à la fin pour des voix douces et sereines dans les derniers instants. Six heures riches pour, d'une certaine manière, un grand classique de notre temps, grand texte.

Il fait frais sous la brise contenue par les bâtiments de cet espace carré et beaucoup s'enroulent dans des couvertures bleues tout au long des gradins.

Des éclats visuels parsemant l'espace et les heures, le texte et les situations enrobées de papiers, de toile, de lumière et de mousse pour dessiner des images marquantes et esthétiques. Des panneaux en miroirs troubles tout autour du plateau, métalliques et à la vague lueur, impressions de carré bleu et de taches rouges, un carré de jeu ainsi un peu plus grand entre les murs. De la neige tombant des projecteurs, billes blanches encore et encore pulvérisées sous le noir du ciel aux quelques étoiles, le ciel au-dessus de la scène de théâtre, le ciel ! Un lit et des membres épars, une chaise où les jambes se croisent nerveuses en tailleur et les mains se tordent regard instable. Une femme en velours rouge immobile, des cheveux brisés et des canapés d'amours pleins de malaise, des tableaux et tableaux visuels et mettant toujours en valeur les figures humaines, ces personnages aux postures et attitudes et regards pénétrants, touchants, remuants. Des peintures, des peintures faisant sens et étalant des traces qui s'infiltrent dans l'esprit, des images recouvertes de couleurs mobiles qui caressent la mémoire pour diffuser sans mots la tonalité et une grande part des impressions ressenties, un long défilement.

Six heures du début à la fin, avec ses courtes pauses. Passage dans la cour et la piste d'athlétisme où l'on fume, boit un café, croque des pommes et grignote des tuiles aux amandes. Et les pauses intérieures, les monologues personnels et parallèles, car l'imagination s'égare parfois mais qu'importe puisque elle se déroule elle aussi et réagit, rebondit et s'anime, c'est agréable. Savoir accepter les détours intimes et détendre un peu sa concentration sans se crisper car c'est un spectacle de course de fond, une suite d'instants et de temps à gérer sans vrai plateau homogène de A à Z. Il y a un plaisir à réagir ainsi. Se sentir un peu riche soi aussi, capable de penser à elle, à eux, à une idée ou à ce que l'on pourrait écrire, et l'éloignement de la connection n'a plus trop d'importance quand on réalise de petites découvertes, et réveille son émerveillement propre en écho de l'émerveillement suscité par le spectacle.

Au son des paroles polonaises portant une trame américaine. De personnes qui se lèvent pour sortir prématurément car il est tard.

Et des paroles à l'éclat limpide et doux qui se déroulent soudain sereines à la suite de tableaux ténébreux et vénéneux, et magie, équilibre, leur gamme ne semble pas incongrue étirée sur une ligne de huit fauteuils tout près, devant la scène, finalement.

Plonger alors dans la rue grise aux pierres éteintes et aux affiches endormies, toujours la même douceur sereine persiste, et l'on pourra chanter tranquillement en accompagnement de David Bowie pour les quarante-cinq minutes de trajet automobile du retour.

2007/07/25

Retrouver Avignon pendant le festival

21/07/2007 10h

Un pont de l'Europe à deux voies qui aspirent, narines asymétriques, la gauche hoquettent, bouchée par à-coups, et le flot plonge vers le centre par petits pas retenus. Succion légère sans fluidité, on arrive mais le feu ne lâche personne dans l'espace libre autour des remparts, aucune prairie ouverte et infinie aux espaces battus par le vent aride. Chacun à son tour. Péage implicite. De facto. Ne soyez pas excessivement enivrés. Encore quelques instants avant la promenade à pieds au milieu des affiches.

Le parking du Leclerc pour la déposer facilement car le soleil ouvert et tombant droit vaut mieux que les longues circonvolutions.

Et les rues à pieds enfin.

Les panneaux de carton sur les poteaux suspendus, les panneaux et panneaux sur les grilles et clôtures et les rideaux de fer descendus des commerces inactifs. Les mêmes couleurs et les mystérieux, trop souvent tristement évidents. Faciles et racoleurs. Mais un certain bruit de fond visuel, fanfreluches dessinant les espaces tachetés et les tentures scéniques de la rue, parade immobile, longs rubans ficelés en grappes.

Retrouver l'atmosphère d'un îlot aux pierres beiges maquillé à grands traits de pinceaux surchargés.

Avant même les grands espaces centraux.

Les grands cinémas redevenus théâtres, les affiches présentant des acteurs qui parleront vivants et non péliculés, des box offices de théâtre. Les garçons aux cheveux peut-être plus longs et les filles portent des robes aux couleurs tendues, acides et géométriques, de l'étoffe ample et des mèches souvent éparpillées et presque centrifuges, les abords d'écoles d'art et de littérature déversés dans toutes les places et terrasses de café. Du rose à parapluies aux mouvements décomposés éparpille les tracts à la même teinte unie, des imitateurs et collègues tout le long de l'avenue aux petites bornes vertes, et la grande place tout au bout.

Les distributeurs répétés à papier glacé et les automates à la monnaie nécessaire répandent leurs coupures aux longues queues qui défilent.

Le rythme vers les vastes espaces à la foule à ciel ouvert.

La place de l'hôtel de ville en tables et chaises et auvents sans interruption, comédiens glissés dans les allées qui dansent et déclament pour que l'on conserve leur tract publicitaire. Des pavés et vieilles pierres et un comique belge en chaise roulante, on pousse jusqu'au Palais des Papes et l'esplanade en pente, et le bureau du off, aux lourdes brochures de trois cents pages surchargées de photos, de dramaturges, de compagnies, de descriptifs élogieux et positifs aux messages similaires. Ainsi qu'un plan gris à numéros de 1 à 110 dans des cercles rouges.

Des voyelles aux formes de velours noir et couleurs franches chantent sur le parvis car elles sont les plus belles.

Malgré la disparition de leur camarade u.

A l'ombre à un croisement, posé un à café, combiner son programme à la musique des noms reconnus et des petits conseils. Dégustant une glace au pain d'épices et un jus d'ananas pressés du jour, aux morceaux généreux. Recevoir sans même bouger des flyers encore et encore, car les comédiens se faufilent entre les tables, et la pile s'enrichit sans effort avant de rejoindre bientôt une autre corbeille. Des échasses et des pattes de loup bondissantes passent, des soeurs accordéonistes épileptiques et rouges, une file indienne au murmure bégayant, cheveux gras.

Never ending spool où tout le monde distribue du théâtre à une foule qui en parle car venue dans ce but.
Mais les bouquinistes proposent également de jolis trésors.

Dans le TGV vers les vacances

From: Cathead Le William-North <lewilliamnorth@gmail.com>
Date: 19 juil. 2007 20:30
Subject: Dans le TGV vers les vacances
To: Marie-Posa

Coucou Marie-Posa,

Hé oui, un petit coucou depuis le TGV, un message presque électronique, puisque j'écris ce message sur papier avant de l'envoyer. Je n'ai aucune connection ni clavier ici. Choisir un train pour t'écrire : il faut bien aussi trouver des occasions originales !

Mais avant de me laisser emporter, quelles nouvelles de ton côté ? Le boulot suit-il son cours cahin-caha ? L'été, souvent une période doucement étrange d'allers et venues cet chassés et croisés. Tu dois connaître ça, les travailleurs restent et doivent assurer le suivi dans des couloirs où les portent s'ouvrent peu. Y a-t-il encore assez de personnel pour les faire claquer par chez toi, ou la période de veille estivale a-t-elle débuté ? Au moins, on peut penser que l'été va faire évoluer l'ambiance de ton boulot...

Mais peut-être en profites-tu un peu toi aussi, de ces congés ? Si mes souvenirs ne me trompent pas, tes vacances sont prévues un peu plus tard. Mais les week-ends rapides au vert et au soleil s'improvisent facilement, alors je t'imagine plus mobile qu'enracinée au bitume tendre et moite !

(Tu peux sauter le prochain paragraphe en première lecture, si tu es pressée. Ivresse de l'écriture ferroviaire, sans contrainte temporelle, disons...)

Les amis et les festivals, voilà une jolie mine d'exploration et d'expériences. Les jours sont longs et le ciel bleu, les bavardages peuvent durer tard, les visions s'éterniser sous un tiède air en mouvement placide. Je suis presque prêt pour un article paresseux de supplément d'été d'un magazine quelconque, le stage précaire estival m'ouvre le bras : je pourrai aligner les clichés sans trop d'effort, je sais que tu seras d'accord avec moi sur ce point. Donc aucun intérêt à trop en rajouter. Mais l'amusant, avec les grosses ficelles, c'est de voir qu'elles peuvent vous surprendre, qu'elles remontent dans vos penses tout doucement, comme oubliées juste auparavant.
L'autre jour, je me suis dit : que de soirées et sorties pour moi en ce moment !
Puis aussitôt, sans reprendre mon souffle : normal, il fait plus jour et plus doux, j'hésite moins à traîner jusqu'à la gare !
(Et j'ai dû enchaîner sur : c'est comme la vie nocturne en Espagne, nourrie par le climat clément. Mais je n'irai pas plus loin dans mes passionnants monologues intérieurs)

Oups, voilà qui est bien long... Et pas indispensable... Distrayant peut-être, laisser une correspondance vivre à son rythme et selon son originalité. Mais je vais jouer carte sur table et te prévenir avant ce long bloc. Voilà, c'est ajouté.

Marchons un peu plus droit maintenant.
Des faits ! Des faits !

Ces dix jours s'annoncent très excitants, certainement bien riches. Je trouve déjà matière à récit dans de dérisoires anecdotes, et je devrais avoir de quoi m'amuser. Objectivement, il y aura à raconter. Et de belles photos sous la lumière et les teinte du Sud, Avignon, Nîmes, Marseille, Miramas. Je vais tenter d'obtenir d'aussi belles images que les tiennes : l'émulation ne faiblit pas !

C'est fascinant, d'ailleurs, cette influence des échanges à distance, photos, liens, et l'on tente soi-même de faire de son mieux pour nourrir les messages. Même durant les discussions instantanées type MSN, dialogue souvent futile et poubelle, il peut ressortir une envie de progrès. Enfin, je crois.

Philosophe de TGV et de MSN.
Il y aura bien un éditeur grand public pour s'intéresser à moi, avec ce CV. Ou une émission collégiale presque drôle.
Oh yeah.

J'idéalise certainement ces échanges électroniques. Elle est loin encore l'édition à la Pléiade des correspondances électroniques d'un écrivain. Mots éphémères, souvent tapés vite, et qui se relit vraiment ? Mais non, je n'arrive pas à mépriser ces échanges, le lien assurément avec l'amitié, des vecteurs, l'estime pour les communications numériques doit pousser chez moi en songeant à tous ces amis chers. Croissance qui n'observe pas vraiment l'objet lui-même.
Mais sans ces outils...

Imaginons. SI on s'était perdus de vue, si on était partis, ou si une année, on ne s'était pas appelés pendant les grandes vacances. Cinq ans. Et si je tombais sur ton adresse email, par coïncidence du réseau, une adresse qui pourrait être la tienne, qui ressemblerait tellement à une adresse que tu aurais choisie. Hé bien.

Enfin.

Pas facile de rester lisible quand on mène seul le dialogue. Et quand on ne peut encore rien raconter, car les souvenirs sont pour les jours qui viennent ! Ce sera différent au retour.
Ce ne pourra pas être pire !

Je penserai bien à toi. Prends soin de toi et sois folle, bisous,

Cathead

2007/07/18

Shoegazing flou et transe musicale

Tisser un son dense, petits morceaux souples et bondissants, montant, enveloppant, aux éclats claires mais aux poussées profondes et graves. Et noyer une voix dans ce brouillard qui crépite fort comme une villes, des notes vocales lointaines, un filet de brise criant parfois mais résonant tout au bout d'un couloir allongé ou d'un pavillon gramophonique.

Une soirée de ressenti, de numéros sensuels où il faut simplement rester à l'écoute, se laisser prendre pour se sentir tout entier se dilatant dans la liquidité métallique, un sirop de battements dont certaines vagues toussent, grosses quintes, mais progressivement, en nous attendant sur le chemin qu'elle gravissent pour ne pas nous distancer trop. Un rideau lourd et saturé mais chaud pour une couette de sons acérés, dans laquelle coulera fin le filet de murmures hurlants et flous.

Une musique qui s'enroule quand on l'écoute les yeux fermés, regard à mi-hauteur la tête en arrière, cheveux dans le cou derrière le col rond du T-shirt rouge. Parfois un sein gauche effleure l'omoplate droite. Une écoute par moment filtrée de boules quiès pour s'enivrer de flou en écoutant de loin. Les yeux toujours fermés que l'on tourne sur le côté, découvrir l'origine du rêve et le paysage d'où vient l'écho.

Les voix dans un tamis et les paroles écoutées sans aucun sens, banales comme une chanson de fiancé doux, de feu de camp d'été un peu frais, une vraie chanson dans ses cheminements et ses ruptures, mais dont on ne devine rien d'autre que le son, les notes, pas une phrase ou une histoire autre que mélodique. Une chanson populaire trop lyrique et émue, elle oublie ce qu'elle veut dire, et suggère uniquement et dessine par son émotion. Une chanson de pionniers tapissée de grognement qui remontent de la gorge, barrissements répétés encore et encore, de mots criés au milieu d'un vers, le même mot chaque fois plus fort que le reste en frappant la grosse caisse, fracassant la cymbale une fois tous les six temps.
Des chants de son sans mot car les cordes vocales parlent en notes.

Et les regards éloignés des tisseurs isolés, des bulles évoluant côte à côte et elles coalescent sans contact visible, les films interfaces restent marqués et délimitant, ils gesticulent tous leur musique les yeux tournés tout au fond, une lueur blême, et il n'a regardé qu'un instant le public en tremblant. Et pourtant ils se hissent ensemble et soutiennent tous leurs bruits épars pour en maintenir le voile résultant, le faire flotter plus claquant peu à peu, et si on les observe, leurs yeux brillent légèrement. Ils s'émeuvent. Enfin, gênés et surtout entre eux et les uns pour les autres, ils sourient.

Concert de Sébastien Schuller, Gravenhurst et Animal Collective à la Maroquinerie, le 17 juillet 2007

2007/07/16

Frissons pour les chansons rocks utilisés au cinéma

  1. Gang of Four - Natural's not in it
    Marie-Antoinette (Sofia Coppola) - 2006
  2. Joy Division - Atmosphere
    24 hour party people (Michael Winterbottom) - 2002
    Control (Anton Corbijn) - 2007
  3. The Pixies - Where is my mind?
    Fight Club (David Fincher) - 1999
  4. T. Rex - Jeepster
    Deathproof (Quentin Tarantino) - 2007
  5. Radiohead - No surprises
    L'auberge esapgnole (Cédric Klapisch) - 2002
  6. My Bloody Valentine - Sometimes
    Lost in translation (Sofia Coppola) - 2003
  7. The Buzzcocks - ...
    Dans les champs de bataille (Danielle Arbid) - 2004
  8. David Bowie & Seu Jorge - Changes
    The aquatic life with Steve Zissou (Wes Anderson) - 2004
  9. The Velvet Underground - Venus in Furs
    Last Days (Gus Van Sant) - 2005
  10. The Clash - London Calling
    Billy Elliot (Stephen Daldry) - 2000
  11. Chuck Berry - Johnny B Good
    Back to the Future (Robert Zemeckis) - 1985

Gratins

Août 2005 - gratin pommes de terre / emmental


Juin 2007 - gratin courgettes / fromage de chèvre

2007/07/15

Festival Sous la Plage

01/07/2007 Festival Sous la Plage - Parc André Citroën - Paris


Mur de coloriage

Week-end ensoleillé sur Paris... le premier de l'été ?

Danse colorée et hypnothique dans la lumière du soir

Concert de The John Venture

Concert de Dan le Sac & Scroobius Pip (and Thou shalt watch the video...)

Vélo et Chocolat

Dimanche 3 juin - 16h30 - 75 quai de Seine, Paris, près du bassin de la Villette


Une boutique au pied d'une tour d'immeuble blanche, à l'angle du bâtiment, avec une vitrine sur chacune des rues qui se croisent au feu rouge. Des lettres blanches sur chaque vitrine.
Vélo et Chocolat
A chocolat
Vélos de ville
et autres...
Magasin différent.

A côté de la porte d'entrée, trois tables rondes sont placées devant la vitrine, marbres gris sur pieds en fer forgé noir avec deux chaises chacune, et entre les tables et la devanture sont installés cinq vélos portant des étiquettes. Sous les lettres blanches Vélo et Chocolat pendent sept feuilles imprimées en couleurs avec photos. La Vie. Le Parisien. Télérama. Le Parisien. Paris du 19ème. Les deux dernières feuilles affichent des titres commençant par Paris.


Au-dessous de l'alignement de feuilles blanches, deux grandes ardoises au cadre brun sont inclinées vers l'arrière, portant des mots écrits à la craie blanche. Sur l'ardoise de gauche, le mot VELO est écrit en majuscules, souligné, au centre de la première ligne, et dans les lignes suivantes apparaissent des mots soulignés précédés d'un numéro. 1. Vente. 1.1. neuf. 1.2. occasion. 2. Réparation. 3. Location. Les écritures sur l'ardoise de droite sont organisées selon la même présentation. CHOCOLAT. 1. Chocolat chaud à déguster. 2. Pâtisseries maison. 3. Brunchs. Un trait est tracé sous Brunchs, et le mot Vélo est écrit dans un cadre en dessous du trait.

Face à l'entrée, une femme de petite taille se tient derrière un large comptoir, sur lequel des tranches de gâteau sont placées sous une cloche transparente. A côté du comptoir, trois tables rondes devant une longue table recouverte de revues, dont un exemplaire de Marie-Claire. Des roues à fins rayons sont suspendues sur le mur du fond, auprès d'un poste radio-cassette-CD à haut-parleurs. Des chants d'oiseaux.

Trois femmes sont assises à la table ronde du milieu, un livre posé devant elles, dont la couverture porte écrits en marron les mots Petit Futé - Paris. Une femme aux cheveux courts s'approche, elle porte un débardeur rose foncé avec en dessous du sein gauche une ligne rose clair formant deux spirales opposées.

Que prendrez-vous, Mesdames ? Nous avons le chocolat classique, le quatre épices, le chocolat au piment d'Espelette, en petit ou grand format. En matière de pâtisserie, aujourd'hui nous proposons les gâteaux carotte - noix de pécan, noisette - gingembre ou chocolat - banane.

Plusieurs vélos sont disposés entre les tables et la vitrine, à côté d'une table en boise avec perceuse à support fixe, fraiseuse et plusieurs tournevis. Un homme suspend un vélo à deux crochets pendant du plafond, un crochet sous le guidon et un sous le porte- bagages. Au niveau des points d'attaches des cordes tenant les crochets, une guirlande vert sapin entoure une poutre métallique, et trois cordelettes sont attachées à cette poutre, avec au bout de chacune d'entre elles une boule dorée et une pyramide rose en papier crépon. En dessous de ces suspensions, un vélo se tient debout avec une étiquette orange fluo pendant du guidon : Réparation - Pas à vendre.

Un homme et une femme blonde entrent avec deux fillettes blondes, s'installent à quatre à la table près de la vitre, et les filles portent des casques de vélo roses et gris.

Une des femmes se lève de la table ronde du milieu, et une des femmes assises pose un billet de vingt euros sur la table.

Non, tu ne vas pas payer.
Ce n'est pas moi, c'est Céline qui invite. Je blague pas, elle m'a laissé une petite cagnotte. Je pioche dedans.
Alors merci. Enfin, merci Céline.

Au comptoir, un homme tend un billet de dix euros.

C'était un petit classique et un gâteau noisette - gingembre, donc cinq euros. Merci.
Merci. Bonne fin de journée.
A bientôt.

2007/07/14

Enfants et plantes en Allemagne

12/06/2007 Hansegracht - Duisburg 15h

Deux enfants vont et viennent sur roues dans un long rectangle entre des bâtiments. Une des largeurs découpe un passage vers une rue pavée et un panneau rouge de sens interdit. Les deux longueurs de quatre étages sont parallèles à un canal au centre, qui coule vers le côté restant, sans bâtiment, ouvert sur une construction de brique rouge, un bassin, un immeuble vitré.

Les deux enfants tournent autour du canal sur leur vélo et leur trottinette.

Un couple de canard trotte le long du canal, l'un beige clair et l'autre marron à tête verte, avec deux bébés dans l'eau. Les deux animaux sur le bord s'essuient le dessus du bec sur l'aile gauche repliée, secouent la tête, frottent le bout de leur bec sur le ventre.

Deux enfants, avec l'un plus grand que l'autre. Le plus petit, cinq ans peut-être, pédale avec un casque bleu sur la tête, un plâtre bleu marine remontant au-dessus de son coude gauche. Le deuxième, sept ans, porte les cheveux mi-longs, drus, blonds, un visage aux traits ronds et clairs. T-shirt jaune avec dessins orange fluo sur la poitrine, un short noir collant et des chaussettes jusqu'au genou dans des sandales rouges. Des chaussettes qui ondulent quand le pied propulse la trottinette, des bandes de trois couleurs répétées, violet foncé, blanc et rose, violet foncé, blanc et rose, avec une étoile blanche chiffrée 85 à mi-mollet.

Une femme sur un banc grillagé entre un lampadaire et une poubelle carrée à sac orange, à côté d'un arbre, ce motif se multiplie de part et d'autre du canal. Le petit à vélo crie à deux arbres de la femme, elle se lève et croise les bras.

Derrière elle, une façade formée de balcons contiguës s'étend en gris et vert, gris des piliers en zébrures verticales et vert des plantes qui peuplent hétérogénement chaque case.
un balcon à pots ronds en terre cuite ocre, une fleur rose, des herbes et un arbuste à deux troncs vert amande,
un balcon aux bacs bétonnés, petits pots ronds de plastique blanc et pots carrés de bois vert d'eau,
un balcon à plantes de 80cm de haut, à arbustes aux fleurs violettes, avec deux bacs suspendues à la barrière métallique, deux bacs suspendus à fleurs rose franc et violet profond,
un balcon avec trois hauts arbustes, un par espace inter-pilier, et les deux aux extrêmes sont glissés dans de hauts pots fins trapézoïdaux.

La barre d'immeubles de l'autre côté du canal propose de la verdure au rez-de-chaussée. Des pans de lierre isolent totalement les terrasses installées sur des tréteaux métalliques.

Au loin, un groupe d'enfants au pied du bâtiment en briques rouges, groupe dans un espace grillagé accueillant également quatre femmes et un adolescent pâle et corpulent. Les enfants portent des chasubles orange fluo et des casques blancs ou jaunes, au milieu de poubelles de plastique, d'une pile de brique, d'une cabine bleue. L'un des enfants plante un clou. Derrière le groupe, une estrade en bois supporte un bidet et une cuvette de toilette en émaille blanc.

2007/07/11

L'adolescence ne sait pas dire les choses

  1. L'esquive (Abdel Kechiche)
  2. Naissance des pieuvres (Céline Sciamma)
  3. Et toi, t'es sur qui ? (Lola Doillon)
  4. Lila dit ça (Ziad Doueiri)
  5. Douches froides (Antony Cordier)
Et, moins contemporrain...
  • The Virgin Suicides (Jeffrey Eugenides)
  • Le Grand Meaulnes (Alain-Fournier)
  • Le grand cahier (Agota Kristof)
  • Les enfants terribles (Jean Cocteau)

2007/07/10

Partage de Midi et Journal International de la Fatigue

Les paroles déclamées qu'il suit, et parfois, sa propre résonance, son écho revient et l'emporte. Le son d'une couleur, glissante, elle se balance, et les mots exposés sur le plateau grommellent alors silencieux en ruban éloigné.

Songeur, c'est la fatigue.

Le lyrisme à grande voix expose sa langue brillante et riche, une longue poésie toute éclairée et scrutée sur quatre étages. Il observe de biais, pas trop haut mais tête tournée, c'est l'angle de vision à onze euros et il ne s'en plaint pas, mais des dorures alternatives s'invitent dans son monologue peu à peu dissipé.

Suivre le spectacle par intermittence, et accueillir quelques hallucinations, une poignée d'idées vagues, ou connues déjà, identiques, rabâchées. La fatigue et les idées fixes à sentir sans retenue sur ses lèvres.

Faire l'effort, une affection apaisée, et il ne la gravera pas pas en peu de jours, mais il apprend.
Bientôt serein, et néanmoins, une photo à rayures et couleur ton sur ton et sourire, il s'en baigne, il s'y surprend parfois, encore et encore. L'excuse d'un repos incomplet et il s'enivre.

Honte de ne pas bien écouter.
Tout de même.
Remords, un peu, pour l'abondance de sorties. En profite-t-il ?

Et puis, finalement. Recevoir les couches qui se présentent, éclats d'images, projecteur unique au cône jaune sur un lit au centre d'une ombre enveloppante, et recevoir aussi les dérisoires pensées vagabondes, nourries de l'atmosphère, filles de l'état d'esprit. La scène et les songes.

Pas de fierté à la boulimie quotidienne et répétée, mais une farandole d'expériences, partiellement subjectives, il n'y a plus de panique à caresser un collier de fatigue.

Tout à l'heure, un air électronique, il dansera jaune dans l'allée de lampadaires rectilignes.

2007/07/09

Touché par l'homosexualité au cinéma, en littérature et en musique

Films
Livres
Et en musique...

2007/07/07

Flèche d'Or le vendredi 06 juillet

A 19h30 sur le quai du métro 2 à Nation, un barbu avec un étui à guitare dans le dos, une jeune fille avec des béquilles et un garçon dont le pantalon noir affiche des motifs blanc façon craie. Public apparent d'un concert rock, et, arrivés à la station Alexandre-Dumas, ils remontent la rue de Bagnolet vers la Flèche d'Or, comme présupposé intuitivement.

Au 102 bis, quelques personnes attendent devant la Flèche, il n'est pas encore 20h. Il est possible d'acheter un Saint Christin dans une boulangerie au carrefour le plus proche, mais il n'est pas possible de rentrer avec. Consommation boulangère en extérieur obligatoire, et de même, les sacs doivent rester en garderie à la consigne de l'entrée pour deux euros.

Mais c'est là le seul prix d'entrée pour une soirée proposant quatre concerts et une soirée de danse après minuit.

Dans un cadre à la jolie personnalité. Devant, des tables en extérieurs s'éparpillent sur un tapis d'herbe en plastique. A l'intérieur, canapé en cuir rose pour quatre personnes devant un rideau rouge tiré, un espace pour la musique tout en largeur, et un Apollon doré survole de son char des divans dans une verrière, tournant le dos à la voie ferrée qui surgit de sous le plancher. Le rideau se tire manuellement et révèle la scène soutenue par un épais cadre or, soutien théâtral et artistique pour les groupes en tableau vivant.

Le premier groupe est duo, guitariste samplant ses petites phrases musicales, et batteur avec un masque de crâne sur l'arrière du crâne, tenant une baguette dans la main gauche et un maracas orange dans la droite. Des visages en cartons éparpillés sur les instruments, Ringo Starr moustachu, Robert Smith et Prince, ils regardent le public en écoutant les reprises lancinantes de leurs titres.

Puis les O'Death lance l'enchaînement de groupes américains. Un groupe campagnard de New York, batteur torse nu au fond et une ligne de quatre personnages pittoresques devant lui. Un batteur au ventre nu, dépassant son pantalon bas, rondeur houblonnée, il porte barbe blonde hirsute et cheveux longs et sales. Il les attachera au milieu du concert. Un violoniste assis à ses côtés, calvitie bientôt naissante et polo aux rayures rouges et vertes horizontales, et son archer s'effiloche rapidement dans l'énergie des va et vient. Une guitare acoustique soutient le chant clair du troisième à l'épaisse barbe noire, chant presque aigu pour un feu de camp romantique. Le dernier de la rangée est également barbu, aux joues moins fournies en blondeur, et le genou droit de son jean s'ouvre généreusement. Il gratte l'ukélé électrique ou le banjo, regard froncé derrière ses lunettes.
Le chant s'envole léger au son de la guitare, puis l'énergie de chaque morceau déborde et s'envole trop fort, tous les musiciens se lèvent soudain, et tous chantent, même loin des micro, et les mains battent au rythme des pieds du public. Ils quittent la scène dans un gospel paillard a capella.

Le rideau s'ouvre ensuite sur les Dirty Projectors, guitariste gaucher ébouriffé entouré de deux filles pas très grandes avec une basse Paul McCartney et une guitare, deux filles que l'on croise dans chaque classe de seconde, jean noir et T-shirt gris sous cheveux bruns mi-courts, jean bleu et débardeur tricolore pour supporter les nattes.
La main droite glisse et picore le manche en petites notes éparses, offertes en mélodies miniatures, et presque aigrelettes pour certaines. Puis le guitariste lance la chanson après un regard à chacun dans le groupe, voix claire pour chant non linéaire, aux montées par moment lyriques, et parfois, les filles se glissent vocalement à ses côtés, douces poussées aiguës, des choeurs légers entre deux parcours électriques de la scène en hochant la tête, possédé. Superbe numéro de présence, de charisme et d'atmosphère.

Et enfin, Menomena, le plus grand groupe de 2008, comme l'on dit les deux lycéennes faisant la queue aux toilettes. Un trio, quel trio, juvénile et tous sur la même ligne. Batteur sur la droite, biceps tendus et coupe Beattles, un ventilateur chromé à ses pieds. Bassiste saxophoniste au centre, cheveux longs, bouclés et blonds avec barbe, et une chemise à carreaux beige, il pianote du pied sur un orgue Moog. Et le guitariste clavier sur la gauche, cheveux blonds et courts, et le couvercle de son laptop gris affiche un coeur aux côtés du xylophone en plastique bleu. Les deux guitaristes portent les mêmes chaussures en toile bleu marine à semelle blanche, mais les lacets du bassiste sont blancs.

Les chansons de l'album Friend and Foe se déploient dans leur grandeur moderne. Batterie puissante mais aux motifs complexes, sans longs rythmes monotones et simplement rapides. Motifs de saxophone, de claviers, d'une basse ronde, d'une guitare simple, et parfois, en fin de morceau, la puissance déborde, guitare saturée et abondance de cymbale percutée. Tous chantent tour à tour, parfois ensemble, la force des voix mélangés dans tant de rock moderne ambitieux, entrelacs dosés, mais libres sur scène, à la manière du rappel étendu comme une jam jazz.
Cela méritait bien un T-shirt illustré par les fantastiques dessins de Craig Thompson.


2007/07/06

Livres à titre amoureux

  1. L'histoire de l'amour (Nicole Krauss)
  2. What we talk about when we talk about love (Raymond Carver)
  3. Nouvelles sur le sentiment amoureux (Christine Montalbetti)
  4. L'amour fou (André Breton)
  5. Premier amour (Samuel Beckett)
  6. De l'amour (Stendhal)
A lire prochainement