2008/09/01

La rue Ste Catherine de Montreal, un long ruban comme une galerie de graffiti

Lors de mon précédent week-end à Montreal, je m'étais promené un peu au hasard dans la ville, et la rue Ste Catherine m'avait laissé un souvenir diffus, assez imprécis finalement, mais plutôt séduisant. Une impression de rue univers, animée et vivante, s'étendant toute en longueur comme seules les rues nord-américaines savent parfois le faire. N'y avais-je pas croisé plusieurs paires de jumeaux identiques, réunis ici pour la convention nationale des jumeaux canadiens ?

Ainsi, dès mes premiers instants de liberté à Montréal, je me suis plongé avec ravissement dans ce mythe urbain personnel, que j'ai parcouru ravi par l'enchaînement des strates, comme égrainées par les murs peints et les graffiti.

J'ai mis les pieds dans cette belle rue Ste Catherine du côté de la rue Crescent, quartier de bars pour amateurs de sports automobiles. Motos, Ferrari, et pour asseoir l'ambiance, une fresque à l'imagerie discrètement machiste.

Mais le downtown s'installe presque aussitôt, peuplant la ligne d'horizon des quelques tours, et, quand on s'en approche, les immeubles se font plus hauts et les écrits muraux s'approchent du ciel. Ste Catherine se fait commerçante, version marques mondialisées, avec un Apple Store tout neuf où l'on peut écouter "La douleur" de Camille sur les iPod en démonstration.

On dépasse le cinéma IMAX et les quelques librairies, se faufille entre les gratte-ciels pour déboucher sur le Square Philipps et son maraîcher qui lave les pommes qu'il vous vend. Un grand magasin sur la gauche, quelques discounts Hi-Fi sur la droite, mais bien vite, surtout des bars et des snacks, et nous voici touchant au Musée d'Art Contemporrain, sa place bordées de galeries marchandes. Les scènes des Francofolies y nichent là bien à l'aise, cachant les chantiers et les fondations qui s'y creusent. Mais un coup d'oeil suffit pour sentir que l'atmosphère de Ste Catherine se fait peu à peu moins lisse, plus coquine, insoumise, capable de fresques larges et électriques.
Les trucks des parkings ne font pas oublier les larges pans de murs éclatants, et d'ailleurs, comment pourraient-ils étendre leurs cabines si haut ? Comment tendre un rideau devant de blondes mèches sales quand une affiche d'énorme fast food n'y parvient pas ?

S'ouvre en effet des blocs plus sauvages de Ste Catherine, remplis de néons roses et pornographiques, de boutiques de T-shirt punk, de snacks libanais et de hot-dogs à un dollar cinquante, de bars au décor gothique. Des jeunes au maquillage sombre y font la queue avec des T-shirt de A Bullet for My Valentine, des jeunes lancent des block parties sur des parkings où les
artistes couvrent les murs de graffiti en direct. L'Apple Store semble loin, et plus loin encore en touchant au carrefour entre Ste Catherine et la rue St Denis, jonction entre deux magies de vie urbaine. Crossroad où il n'est même pas surprenant de découvrir un festival Gay et Lesbien, occupant trois blocks, installant deux scènes où les enceintes vibrent sans fin de disco et de house sucrée. Les biceps s'affichent épais par les manches ouvertes des débardeurs, et des troyens en jupette plastique vous offrent en souriant des préservatifs au noir carton hellène. Trojan, les nordaméricains ont eu plus d'humour pour dénommer cet équivalent des Durex et Manix du marché français.

03/08/2008 - rue Ste Catherine - Montreal

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