2008/10/05

Contre la fatigue, écoutez de la musique (et lisez Doc Nick)

Début octobre, la température baisse, le travail vole bas et les vacances semblent loin, celles d'été comme les fêtes de fin d'année. Conditions idéales pour un petit coup de fatigue quand, soudain, on réalise que la nuit tombe bien tôt, maintenant, et que l'ombre dure le matin.


Alors, avec le retour d'une discrète lassitude, quoi de mieux qu'un peu de musique enjouée pour garder le sourire ?

J'ai donc rappelé ce cher Doc Nick, confiant dans ses ressources et son sens de l'à propos. Cher Doc, quelle musique conseilleriez-vous pour lutter contre la fatigue du début d'automne ?

Mon petit préféré, quand la tension baisse, c'est toujours Help!, des Beatles. Une intro survitaminée, des choeurs, une guitare qui court, voici le début des années soixantes et l'insouciante jeunesse, tout bondit ! La pop, la pop, rien de tel qu'une bonne pop électrisante pour reprendre pied et retrouver le tonus. Tarantino  semble d'ailleurs de cet avis, puisqu'il s'est emparé de T.Rex dans son film Deathproof, au sautillement tout aussi irrépressible.

Je dois avouer que mes petit préféré en la matière, c'est Supergrass et le premier album, I should coco.

Une petite merveille de power pop, toute la vitesse du punk sans trop de nihilisme, juste la rage souriante de ces jeunes de moins de vingt ans. Quel début d'album ! Difficile de respirer dans cet échaînement de titres, idéal pour se réveiller ou entamer une réunion importante avec le sourire. A quoi bon boire du café ? Une même urgence pop et réjouie se retrouve dans le premier album des Strokes. Le même genre de tubes courts et pétillants qui s'enfilent comme des perles, rythmiques tendues et guitares aigrelettes, de la pop exquise, sucrée et électrisante.

Electrique, même. Les Strokes, c'est tout de même plus rock que pop.

Tu dis cela parce que les guitares sont plus acérées ou juste parce qu'ils font de la pub pour Converse ? Au niveau des Strokes, le rock s'écoule dans sa version presque originale, c'est-à-dire pop et immédiate, dangereux par son énergie et sa rapidité plus que par ses murs de guitares sur-saturées. Réécoute les premiers tubes, des années 55-56, c'est hurlé et agressif, mais surtout très dansant. Des chansons pour donner la pêcher et sauter en tout sens, sans pour autant se jeter les uns contre les autres pour le plaisir de jouer à l'anarchie. Le rock, c'est de la pop. Alors, bien entendu, quand on parle de rock, on pense plutôt aux tatoués, aux cheveux longs ou aux épingles à nourrices des punks qu'aux Beatles. Alors, pour te faire plaisir, disons que Supegrass ou les Strokes, d'une certaine manière, c'est de la power pop.

Je n'en attendais pas moins de ton sens de la formule. Mais je n'ai rien contre le rock, surtout anti-fatigue : c'est plutôt vivifiant, de hurler sur la violence brute de Nirvana, non ?

Nirvana, en effet, ça réveille, ça entraîne et ça porte, ça secoue dans tous les sens. Ma chanson préférée en la matière serait peut-être All Apologies, petite merveille de l'équilibre de Nirvana, ou de son sens du déséquilibre et de l'instabilité. La voie écorchée et la rythmique ronde et brute du couplet, et toute l'éclosion du refrain, les hurlements. All Apologies, à mes yeux, c'est la chanson emblématique du paradoxe de Kurt Cobain, l'homme capable de mélanger parfaitement douleur et rage, la colère pour exprimer les profondes blessures. C'est avec cette chanson que j'ai cru saisir ses problèmes d'estomac, la profonde douleur physique qui se cachait derrière sa hargne. J'ai capté un soir de détresse et d'épuisement, et fasciné, j'ai écouté All Apologies huit ou neuf fois de suite, et le plaisir ne s'estompait pas. Nirvan, un très bon choix pour se redynamiser dans les coups de mou.

Je me voyais bien hurler avec Iggy Pop sur TV Eyes.

Oh oui, la profonde animalité de l'Iguane, son charisme et sa folie. Excellent choix, parfait exemple d'élan, de pulsion et de dynamisme brut. Et pas besoin d'être trop attentif pour percevoir sa puissance, ce qui est plutôt un bon point pour relever une tête endormie au réveil, je pense, non ? Quelques gros classiques de Heavy Metal pourraient également faire l'affaire, genre Led Zep ou un gros solo d'AC/DC, dans ce cas. Immédiat et magnétique, capable de soulever un stade immense sans effort, j'imagine donc que cela devrait pouvoir requinquer l'endormi le plus chronique. Voici des riffs, des anmplis et des hurlements, lève-toi et arrête de bailler !

Tu penses que n'importe quel énorme groupe pourrait faire cela ? Sauver de l'épuisement, facile quand on peut enivrer 80.000 personnes, à ton avis ?

A priori, oui, dis comme cela, je serais tenté d'acquieser. Mais, bon, en pensant groupe de stade, je songe tout de suite à U2, et cela me semble moins évident. U2, c'est le rock héroïque, le prototype de stade, le groupe pour faire reprendre les refrains poing tendus et coeur exhalté, mais je ne sais pas, à la réflexion, je ne le vois pas trop comme un groupe anti-fatigue. Certainement une affaire de goût personnel, à n'en pas douter, mais non, U2 me semble moins évident dans une telle fonction. Charismatique, assurément, chargé en tubes. Ce genre de groupe, un peu lyrique, ce serait plus à l'appréciation de chacun, je suppose, moins impérieux, moins irresistible. Je suppose.

Un peu comme Radiohead.

Tout à fait. Radiohead, c'est un charisme énorme, des chansons sublimes, mais une atmosphère tellement mélancolique, voire désespérée. C'est toujours fascinant d'entendre des foules entières reprendre des refrains aussi profondément pessimistes et paranoïaques. Cela ne me paraît pas évident que tout le monde souhaite gober cela comme de la vitamine C un matin cafardeux. A part ceux qui ne voudraient entendre que l'énergie des guitares. D'une certaine manière, Arcade Fire est un cas similaire. Lyrique et débordant d'énergie, une générosité fantastique dans leur musique et dans leurs prestations live. Mais, rappelons que leur premier album s'appelle Funeral, écrit dans une atmosphères de deuils successifs pour beaucoup dans le grouep. On a fait mieux comme post-combustion du petit déjeuner, mais chacun ses goûts.

Quoiqu'avec une chanson dénommée Wake Up...

Tu marques un point.

Mais, dans ce cas-là, le mieux serait toutes les chansons à textes, et ne garder que l'énergie brute. C'est-à-dire, d'un point d'une musique "non classique", les musiques électroniques.

Ca tombe sous le sens ! De la dance pure, et les pieds t'entraîneront tout seul ! Un vieux collègue amateur de big beat avait d'ailleurs une analyse similaire : si, après avoir passé deux tubes de big beat dans une soirée, l'ambiance de monte, c'est que tout le monde est mort. Une musique immédiate et irrésistible, un gros album des Chemical Brothers, et hop, la journée devient plus légère et tu danses sur ta chaise face à ton ordinateur. Idem avec un groupe comme The Rapture et leur rock danse ébourrifant, ou un riff souple et samplé comme ceux de Rinôçerôse, voilà qui mets du super dans la chicorée.

Ou mes favoris belges, les démoniaques 2manydjs.

Bien entendu, d'autant qu'avec la tambouille de ces belges fous, tout le monde y trouve son compte, c'est comme le pot au feu, et c'est mieux qu'une cure de Guronsan !

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