2008/07/01

Toute une adolescence japonaise dans la gare centrale de Düsseldorf

Devant la gare centrale de Düsseldorf, un très vaste attroupement d'adolescents, entre 15 et 18 ans, disons. Des jeunes lycéens. Phénomène habituel le samedi aux abords d'une gare centrale allemande : chaque semaine, au pied des énormes lettres KÖENIG PILLSNER de la Duisburg Hbf se groupe de petits paquets couverts de cuir noir, de T-shirt ensanglantés, portant les cheveux colorés et les chaussures ferrées au semelles souvent épaisses. Toute une jeunesse dont les tenues hurlent : je suis différente !

Y a-t-il plus mignon que ces petits couples, un bras blanc en bas résilles en toile d'araignées serrant fort l'épaule d'un sweat rayé, le maquillage profond collé aux mèches ébouriffés ? Dans les années 2000, le rebelle sans cause allemand soigne l'étoffe entourant son spleen, et tous ses accessoires, un régal pour l'amateur d'observation et de détails.

Mais l'attroupement de ce samedi à Düsseldorf étire la scène et la foule, les jeunes sortent sans arrêt sur la place menant aux tramways, et tous affichent de somptueux déguisements japonais. Un manga mis en mouvement au coeur de Düsseldorf, des costumes jamais aperçus en si grand nombre en Europe. Une atmosphère similaire à celle du Cherry Blossom Festival dégusté l'an passé à Brooklyn, mais ici, sans aucune communauté asiatique pour transmettre le flambeau.

Ici, c'est le japon pop et cool qui prend vie en grandeur nature, tous les clichés fantasmés par les Européens aux travers des séries animées, des mangas, les jeux vidéos et les quelques miettes de J-pop aperçues au milieu d'un film tourné à Tokyo. Les jeunes allemands se rêvent lost in translation, certainement pour un rassemblement festif quelconque que je n'ai pas cherché à élucider, trop ravi du mystère incongru des perruques sous les panneaux Deutsch Bahn.

Les perruques bleues ou roses se portent avec désinvolture sur des débardeurs aux tissus fluo, sur de longs kimonos sombres aux motifs rouges et asiatiques, les paupières toujours recouvertes de couches aux reflets profonds. Les chapeaux pointus côtoient de longs sabres en cartons portés dans le dos ou brandis lors de séances photos face à la maison de la presse internationale.

Tout un nouveau carnaval drainent ses jeunes adeptes enroulés dans de larges drapeaux blancs à points rouges. Dans quelques années peut-être, les fêtards allemands découvriront au lever du soleil un carnaval de Cologne baignés de toute une coolitude japonaise.


14.06.2008 - Düsseldorf Hbf

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