2008/02/16

L'espagnol et le football (et les filles), langues universelles des sorties entre potes

- Je ne suis pas un énorme passionné de foot. Pas un dingue prêt à suivre tous les matchs. Mais bon, quand j'étais au Chili, je regardais en gros un match par semaine. Championnat chilien, c'est toujours sympa de suivre son équipe. Même si le championnat chilien n'est pas très disputé, il n'y a que deux ou trois grosses équipes, et le championnat se joue toujours entre elles.

La salade de mon nouvel ami chilien disparaît plus lentement que la mienne, son espérance de vie allongée par toutes ces considérations footballistiques. Je me force donc à savourer plus doucement mon ensalata "El Caballero", agréable assemblage de poulet, champignons et salade, relevée par une sauce Chili légèrement caramélisée. Ce restaurant espagnol de Düsseldorf est idéal pour lancer un joyeux vendredi soir, et le cadre enrobe idéalement le mélange des trois langues qui flottent au-dessus de la table, l'anglais utilitaire, les jaillissements d'espagnol, et le foot, en jolie quantité.

Le foot, un parfait sujet pour lancer des discussions simples en toute langue, une culture parfaitement répandue, qui ne nécessite pas de grand passé commun pour créer une complicité. Près des bancs moteurs de l'université de Duisburg, l'anglais léger du technicien ne l'empêche pas d'évoquer la Bundesliga avec moi, sujet évident au vu des nombreuses photos de Schalke 04 affichées dans son bureau. Et, de même, j'apprends peu à peu certaines caractéristiques du football bosniaque grâce à mon collègue de bureau. Un championnat bosniaque dont l'issue se joue là aussi entre les deux ou trois équipes à gros budgets, anciennement présentes dans le championnat de Yougoslavie. Tiens, j'aurais pu en parler à mon camarade chilien.

Mais la discussion a glissé vers la Ligue des Champions, forcément, les 1/8èmes de finale commencent la semaine prochaine. Nous sommes maintenant dans un bar cubain, et entre deux gorgées de rhum brun, il m'a récité l'intégralité du tableau, à peine dérangé par le volume impressionnant auquel sont diffusées les chansons de regueton.

- Je pense que c'est l'année d'Arsenal, je pense qu'ils battront le Milan. Ils sont sur une pente descendante, Milan, si tu additionnes l'age de leurs défenseurs, tu dois atteindre au moins 120 ans. Comment pourront-ils tenir face à l'énergie des jeunes d'Arsenal ? Ils jouent vraiment fantastiquement, avec un dynamisme impressionnant. Leur entraîneur fait un superbe boulot ? Pourquoi n'a-t-il pas été choisi comme sélectionneur de l'Equipe de France ?

Ah, l'équipe de France. Un aspect moins franco-français qu'on ne pourrait le penser, grâce aux bons résultats de l'équipe, et surtout, grâce à l'impact de la finale de la Coupe du Monde 2006. Il y a toujours une étanger fierté à attendre les louanges internationales, le fait que la France a superbement joué en deuxième mi-temps. Et, bien entendu, arrive aussitôt la question du coup de tête, sujet inévitable de toute discussion foot de la fin des années 2000, et les passions et les questions d'honneur s'invitent à la fête. Bien entendu, il n'aurait pas dû, mais voilà, d'un autre côté, il est impardonnables d'associer des injures avec certaines choses (Certaines Choses, Capital Cs), en particulier la famille. C'est impardonnable, des mots sur sa soeur.

La France n'est donc pas le seul pays à s'enflammer pour son équipe nationale, pas plus qu'elle n'est le seul pays à posséder autant de sélectionneurs que d'habitants. Durant la récente Coupe d'Afrique des Nations, l'élimination du Maroc a vite libéré les commentaires amers d'un collègue de l'université... Nous saurons bien vite s'il en va de même en Amérique du Sud, au fur et à mesure du parcours du Chili dans les éliminatoirs de la Coupe du Monde 2010. Mais y a-t-il beaucoup de suspens autour de cette question ?

Le football coule donc partout, et les particularismes régionaux ne sont finalement pas très prononcés. Exemple d'une culture parfaitement globalisée, et le football jaillit parfois de manière suprenante. La soirée a avancé, nous dansons maintenant au Papagayo sur de la house de 5 ou 6 ans d'age. A partir d'un certain moment, il faut savoir mettre de côté les discussions pointues, danser réchauffés par une tequila, et juste échanger de temps à autres quelques mots, soufflés par le contexte. Ces allemandes de 20 ans à la danse souple et peu expansive, ces allemandes profondément féministes, magnifiques, mais bien plus friandes d'organisation que les fantasques sudaméricianes, les emplois du temps et les rendez-vous minutés contre les élans explosifs et intuitifs. Ces allemandes épanouies, mais d'une certaine manière, toutes timides. Une culture de la timidité en allemagne, la pudeur et la retenue, aussi bien pour les filles que pour les garçons, d'ailleurs.

A ce moment, un allemand s'approche, et se fait prendre en photo avec moi, ravi. Son oeil a été attiré par l'écharpe que j'ai gardée autour du cou, dans l'élan de l'ivresse tequilesque. De quel club, cette écharpe ? Lens ? Oh oui, je vois très bien, pas de problème.

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