2007/10/11

Un peu de littérature de langue allemande pour s'immerger

- Oh, attendez un instant. Vous méritez une médaille. Il n'y a pas grand monde qui lit Robert Walser, chapeau.
- Parfois, il faut avoir le courage d'affronter certains ouvrages.

Hier, à la Médiathèque de Rueil-Malmaison, je passe prolonger l'emprunt du roman "Le commis" , écrit par Robert Walser, dont il me reste une soixantaine de pages à lire. Le bibliothécaire m'a fait cette remarque en découvrant le titre du livre.
Et j'ai été fier, je dois l'avouer.

Robert Walser est un personnage assez atypique de la littérature de langue allemande. Né en suisse, il connaît le succès littéraire à Berlin au début des années 1900, particulièrement par ces nouvelles et trois romans. Mais il rentre en Suisse dès 1913, sujet semble-t-il à une dépression, et ralentit son rythme d'écriture. Il se présente en 1933 en hôpital psychiatrique, où il restera jusqu'à sa mort en 1956 : une mort emblématique de ce promeneur passionné, retrouvé étendu dans la neige le soir de Noël.

"Le commis" raconte l'histoire d'un jeune homme employé par un inventeur, créateur de machines au succès approximatif : une horloge-réclame pour gagner de l'argent de la publicité, la machine automatique pour tireur, distributeur de paquet de cigarettes. Le jeune homme loge dans la grande maison bourgeoise, partage la vie quotidienne de la famille, et souvent, la frontière entre travail de bureau et aide à la vie de famille s'estompe, puisqu'il arrose le jardin ou s'occupe des paquets de la femme.

L'écriture est plutôt envoûtante, portée par un style assez neutre, voire plat, mais plus varié qu'entrevu au premier abord. De longs monologues du commis apparaissent régulièrement, le fil du récit est joyeusement sinueux et improvisé, le roman ayant été écrit en à peine trois semaines, et les descriptions de la nature éclatent dans un lyrisme souvent surprenant. Un roman d'apprentissage, certes, mais plaisant.

J'ai entendu parlé de ce Robert Walser par le livre "Bartleby et compagnie" d'Enrique Vila-Matas. Cet auteur espagnol semble fasciné par ces auteurs qui, tels Bartleby, préfèrent ne pas et quittent l'écriture, dont les oeuvres ne contiennent qu'un ou deux livres, des longs ouvrages inachevés. "Bartleby et compagnie" se présente comme une suite d'anecdotes et de présentations de tels écrivains Bartleby, et Robert Walser y est cité en bonne place.

C'est donc tout naturellement que j'ai choisi Robert Walser pour lancer mon exploration de la littérature de langue allemande.

Durant mon séjour de deux mois à Duisburg l'an passé, j'avais constaté mon inculture totale en matière de littérature allemande. Je n'avais lu auparavant qu'un seul auteur de langue allemande, ce cher Kafka, et j'étais bien incapable de citer un écrivain allemand contemporain. Une terre vierge à explorer !

J'ai donc effectué quelques recherches, suis resté à l'écoute des échos de l'actualité littéraire, et j'ai commencé une liste de lecture. Liste présentée en deux temps : les livres que j'ai achetés pour les déguster dans ma chambre allemande à partir de mi-novembre, et d'autres ouvrages qui semblent intéressants à moyen terme.


Livres qui seront lus très bientôt :

  • Le commis - Robert Walser (1908)
    Bientôt au bout !

  • L'homme sans qualité - Robert Musil (1930)
    Très long roman de ce fameux auteur autrichien, considéré comme chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle. Deux tomes de 900pages chacun, on verra ce que cela va donner. Précisons que Musil est lui aussi un écrivain Bartleby, dans la mesure où il n'est jamais parvenu à conclure cet "Homme sans qualité"...

  • Le liseur - Bernhard Schlink (1995)
    L'histoire complexe d'une liaison entre un adolescent et une femme de 35 ans, associée à un rituel de lecture à haute voix. Ce roman semble avoir connu un succès critique certain à sa sortie.

Livres qui ont retenu mon attention pour un peu plus tard (liste à élargir...) :
  • Le loup des steppes - Herman Hesse (1927)
    Un homme désabusé n'arrive pas à s'intégrer dans une société qui ne lui ressemble pas, "un roman de crise existentiel", interdit sous le régime nazi. Un des chefs d'oeuvre d'Herman Hesse, prix Nobel en 1946.

  • Le tambour - Günther Grass (1959)
    Réalisme magique, prix Nobel, seconde guerre mondiale : beaucoup de bonnes raisons pour se pencher sur ce roman.

  • Le parfum : histoire d'un meurtrier - Patrick Süskind (1986)
    Au XVIIème siècle, l'étonnant destin de Jean-Baptiste Grenouille, qui possède un sens olfactif hors du commun. Best-seller mondial bien connu...

  • Histoires sans gravité - Ingo Schulze (1998)
    Auteur d'Allemagne de l'Est, qui décrit dans ses nouvelles la vie de ceux qui ont connu l'avant et l'après chute du Mur de Berlin. Histoire sans gravité se présente comme une série de courtes histoires, qui forment finalement un roman.
  • Les arpenteurs du monde - Daniel Kehlmann (2006)
    La rencontre, au XIXème siècle, de Alexander von Humboldt, explorateur de la forêt vierge, et de Carl Friedrich Gauss, le prince des mathématiques et des statistiques. Succès foudroyant en Allemagne pour ce roman publié début 2007 en France.

  • La fille sans qualité - Juli Zeh (2004)
    La manipulation d'un professeur de littérature par deux adolescents, dont la jeune Ada, redoutablement intelligente, et passionnée de Robert Musil.

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